Rapporté dans Le Monde, Le Figaro, et l'Humanité, l'AP-HP et 8 de ses cadres de trois hôpitaux différents ont porté plainte le 25/03/10 pour les rétentions de directeurs qui se multiplient depuis quelques jours. De fait depuis le 12/03/10, les hôpitaux Emile Roux, Joffre-Dupuytren, Charles Foix, Cochin, Avicenne et René Muret ont vu leurs directeurs retenus par les personnels en quête de discussions véritables avec une direction semblant fermée au dialogue.
La brutalité des décisions, leur caractère ressenti comme inapproprié aux réalités de terrain, leur motivation comprises comme comptable avant d'être soucieuse de l'efficacité du service public, les promesses non tenues, l'impression que les négociations ne servent qu'à gagner du temps pendant que des décisions continuent à se prendre, la distillation des informations au compte-goutte jusqu'à la découverte à la dérobée de la réalité d'un plan d'ensemble encore plus éprouvant qu'attendu, des épées de Damoclès à répétition dont on ne parvient pas à voir combien elles seront au bout du compte, ... autant de raisons évidentes du malaise généralisé.
Sans compter le contexte général de crise financière, l'angoisse de chacun devant son avenir immédiat, un sentiment d'improvisation ou d'ouverture dispendieuse de parapluies en matière de santé, ... qui érodent à chaque pas le peu de confiance qui restait.
Sans compter la désorganisation induite par la répétition trop récente des réformes dans la "gouvernance" du système hospitalier, les annonces successives de pseudo sauveurs du système qui veulent tout mettre à plat en laissant à penser qu'ils vont surtout tout mettre à bas, l'abus de la technique prévisionnelle du "vous avez finalement pu faire avec les 10% qu'on avait retirés l'an dernier, vous allez donc essayer de faire avec 10% encore en moins", ... qui ont fait de l'hôpital (aussi) un terrain de jeu des expérimentateurs des grands principes de la Gestion par le Stress.
Mais au-delà de la question de savoir comment on en est arrivé là, la seule question qui vaille vraiment serait plutôt de savoir comment on sort de cette pagaille.
Les esprits simples, les gens de bon sens, les naïfs, diront : et si on essayait de corriger le tir, et d'arrêter tous ces facteurs d'instabilité ? Les stratèges, les maitres du management, les experts de la gestion de crise, les gestionnaires par le stress, diront : rien du tout, c'est justement ce qu'on voulait.
Allez savoir qui de ces deux écoles aura le dernier mot ...