Dès son apparition, il décide de frapper fort en instituant une dictature implacable faite de cris stridents à en briser les verres en cristal. Jouant sur les nerfs de ses opposants, les affaiblissant jour après jour à l’aide d’attaques nocturnes répétées, il gagne du terrain jusqu’à porter l’estocade finale par une double otite-bronchito-grippale qui relègue aussitôt les souverains au statut de simples vassaux.
S’apprêtant alors à s’emparer de ce pouvoir tant convoité, il est stoppé in-extremis par la cavalerie qui débarque légèrement essoufflée mais dont l’expérience des insurrections sauve le régime défaillant de la capitulation.
A force de putschs avortés, il feint de rendre les armes, se contentant de la principauté tout en veillant à dégommer les autres prétendants par des coups aussi bas qu’inattendus, obligeant ainsi les monarques à vivre dans un état d’alerte permanent.
Pourtant, dès qu’il s’agit de déstabiliser le pouvoir en place, le gremlin n’hésite pas à contracter des alliances avec son ennemi d’hier devenu soudainement son meilleur allié. Il promet à l’un l’autorité suprême sur le téléviseur, à l’autre la mainmise absolue sur l’ordinateur, les incite à oser des exploits jamais perpétrés jusqu’à ce jour et, devant les foudres impériales, n’hésite pas à enfoncer le poignard mortel dans le dos de son compagnon d’armes :
- C’est pas moi, c’est lui !!! Je l’ai vu, je l’ai vu, je l’ai vu !!!
Il règne alors la plus grande cacophonie au sein de l’opposition qui se scinde en plusieurs factions aux courants idéologiques troubles dont les chefs se succèdent dans l’euphorie pour déchoir le lendemain.
Heureusement pour le royaume, il existe aussi quelques périodes de trêve où le gremlin abandonne sa quête de suprématie pour faire amende honorable, retrouvant sa place à la cour parmi les favoris des souverains. Chacun jouit à nouveau de la paix retrouvée en se demandant de quel côté arrivera le prochain coup d’état.
Des années de lutte de pouvoir clairsemées de trahisons, d’alliances calculées, de retournements de veste éclair laissent les monarques sur la paille. De guerre lasse, ils abandonnent au gremlin un lopin de terre éloigné afin qu’il y règne enfin en maître absolu.
Et, lorsque la révolte grondera en cette monarchie toute neuve, le gremlin affaibli se cassera le nez sur la porte close du château grand-parental:
« Sommes partis en croisade dans les Caraïbes – Stop – Date de retour indéfinie – Stop – Royale belle-maman en route pour ta forteresse assiégée – Stop - A chacun sa croix... – Stop »