Pierrick Fedrigo est donc le vainqueur du Critérium International.
Fedrigo est un coureur malin. Il sait profiter des circonstances et adapter sa course au profil de l’épreuve qu’il dispute. Ses succès dans le Championnat de France en 2005 et dans l’étape de Tarbes l’an dernier sont là pour le prouver. Le Critérium International se déroule suivant la formule du triptyque. Fedrigo a su prendre l’avantage au cours de la première étape en profitant de la sévérité du parcours et du passage à vide de Contador, puis contrôler les événements lors de l’étape de plaine en obtenant à l’arrivée de précieuses secondes de bonification grâce à une troisième place acquise au sprint (les sprinters étaient peu nombreux au départ de l’épreuve) ce qui lui a permis dans une spécialité qui n’est pas la sienne (le contre la montre) de conserver l’avantage pris lors des étapes précédentes.
La performance de Fedrigo est étonnante. On connaît depuis longtemps les qualités de ce coureur, âgé de 31 ans et professionnel depuis onze ans, mais jamais encore on ne l’avait vu montrer une si grande maîtrise dans la gestion d’une course. D’ailleurs le coureur lui-même avouait à Porto-Vecchio, après avoir revêtu une dernière fois le maillot jaune de leader définitif, qu’il s’était étonné tout au long des deux jours de la course. Poussant plus loin la réflexion, il assura par la suite : « Finalement, je ne connais pas encore mes limites ». Curieux aveu pour celui qui fréquente depuis si longtemps les pelotons. On en viendrait presque à se demander si ses directeurs sportifs successifs n’ont pas failli à leur tâche en ne décelant pas plus tôt ses qualités.
En compulsant le palmarès, Fedrigo va constater qu’il succède à Jens Voigt et qu’avant lui s’étaient imposés les champions du monde Laurent Brochard, Abraham Olano, Stephen Roche, Miguel Indurain et Bernard Hinault pour ne citer que les plus récents.
Fedrigo, toujours en compulsant le palmarès du jour, va aussi constater qu’il devance dans l’ordre Rogiers, Machado, Samuel Sanchez, Cadel Evans et qu’il relègue Alberto Contador à la 15ème place et Lance Armstrong à la 47ème. De quoi raconter à ses futurs petits-enfants de bien belles histoires le soir au coin du feu.
Dommage que le Critérium International ne soit pas inscrit au calendrier du pro Tour car il aurait permis à Fedrigo et à la France de remonter dans la hiérarchie et de quitter les bas-fonds dudit classement dans lesquels elle se trouve actuellement.
Les Français gagnent mais pas les épreuves les plus côtées...
Jean-Paul