3ème millénaire : les émotions

Le dernier numéro de le revue 3ème millénaire est arrivé, consacré aux émotions : Vivre ses émotions.

N°  95   -   Printemps 2010
Thème :   Vivre ses émotions
Pouvons-nous les connaître pour en être libre ?

Sommaire
Francis Lucille : Que contrôlez-vous ?
Ligia Dantes : Méditation et émotion, vers la vie intégrale
Arnaud Desjardins : Disparition des émotions
Viator : Cessez de ruminer
Joëlle Maurel : Être en paix avec ses émotions
3e millénaire : La grande transmutation sacrée selon la bouddhisme tibétain
3e millénaire : Contracture et contraction de l'âme, selon Hubert Benoit
3e millénaire : Libre du moi-émotionnel, selon Rudolf Steiner
Rupert Spira : La beauté dans 'art : toucher le coeur
Hélène Naudy : Et si nous déposions les armes
David Ciussi : L'émotion initiale
Éric Baret : L'émotion dans la tradition indienne
Welléda Muller : L'esthétique du Transpersonnel
Pierre Yves : Nous ne sommes rien (2ème partie)
Yolande : Au sujet des émotions
Rubriques livres :
Krishnamurti : Le vol de l’aigle
P.D. Ouspensky : L’homme et son évolution possible
Jean Klein : Ouvert à l’inconnu
Charles Antoni, Jean-Pierre Crépin : Crise et mutation
Patrick Levy : Sâdhus. Un voyage initiatique chez les ascètes de l’Inde

Voici quelques extraits que j'ai cueilli en parcourant la revue qui publie de très bonnes choses (et tout cela rappelons le bénévolement par Philippe et son équipe)

Francis Lucille : Sur le Je et sa liberté

"Les limites du « je » limité sont illusoires car le « je » limité n'est autre que le « je » véritable auquel les limites sont superposées. Le « je » limité, étant une illusion, ne peut rien faire. Mais il faut bien voir que ce qui est illusoire dans le « je » limité est son aspect limi­té ; ce n'est pas le « je » lui-même. Par exemple, en ce moment, nous parlons. Je ne parle pas à une illusion. Il y a bien quelque chose de réel qui entend. Il ne faut donc pas croire que la réalisation du Soi, c'est la réali­sation du « je » limité. Au contraire, la réalisation du Soi est l'élimination des limitations. Mais ce n'est pas l'élimination du « je », car on trouve souvent cette incompréhension que ce qui doit être éliminé est le « je » limité. Pas du tout ! Ce sont les limitations du « je », ce qui n'est pas la même chose. Il est vrai qu'un « je » limité ne peut rien faire. Mais le « je » réel peut faire, comprendre, et surtout voir les limitations. La libération découle de la prise de conscience des limita­tions. Ce n'est donc pas qu'il n'y ait rien à faire, ou que l'on ne puisse rien faire comme cela est souvent dit. Le Soi, le « je », a conservé le pouvoir de se libérer de l'illusion qu'il a auto-créée et, en faisant cela il exerce sa première liberté. L'ayant exercée, il se meut dans un domaine de liberté. De même que lorsqu'il choisit : l'ignorance, il exerce sa dernière liberté. L'ayant exer­cée, il se restreint dans l'absence de liberté."

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Rubert Spira : sur l'émotion en art

"Question : Est-ce ainsi que l'on peut expliquer la différen­ce qu'il y a entre un art issu de notre vraie nature, et l'art dit conceptuel ?

Spira :  Lorsqu'on parle de l'art conceptuel, il y a une contradiction entre les termes, car une œuvre d'art véritable dépasse tous les concepts sur ce que nous sommes, ou ce que le monde est. Une véritable œuvre d'art nous conduit au-delà de nos concepts.
Même si l'œuvre d'art utilise des concepts, comme une poésie ou un livre, elle a également le pouvoir d'ébranler les croyances auxquelles nous sommes le plus accrochés et de révéler l'essence de notre vraie nature et de la nature du monde. Le peintre Cézanne disait : « Un jour viendra où une simple carotte, observée avec un regard neuf, déclenchera une révolution ». Que voulait-il dire ? Simplement que toute chose, lorsqu'elle est vue avec un regard frais, c'est-à-dire sans le passé, sans la mémoire, simplement telle qu'elle est, provoque une révolution. Cézanne comprenait que le seul fait de voir clairement un objet tel qu'il est, déclenchait une révolution. C'est aussi puissant que cela. La seule chose nécessaire est de voir réellement.
Car, si l'on voit à la lumière du réel, une carotte n'en est plus une... ce n'est plus un objet. On voit clairemenî que la Conscience est en même temps ce qui connaît et ce qui est connu. On voit clairement qu'il n'y a plus réellement ni objet ni sujet dans l'ex­périence, mais seulement l'expérience pure. Et cette expérience pure est un autre nom pour désigner la Conscience qui se connaît elle-même.
C'est cela la vraie révolution, qui éclipse toutes les autres-révolutions. Elle est réelle car elle traver­se chaque chose, et pointe directement vers le cœur même de notre expérience."