La soirée a commencé tranquillement. Mon badge presse m'a permis d'entrer directement sans faire la queue. Les allées étaient presque vides et me semblaient immenses. Mais les problèmes de repérage ont immédiatement rendu pénible la recherche d'un exposant du rang G.
J'ai tout de même vu beaucoup de monde. A commencer par le Ministre, Frédéric Mitterrand, ponctuel à 19 heures tapantes, zigzaguant d'une allée à l'autre en suivant les indications de son staff. Ne cherchez pas à décrypter ma photo : il était juste en face de moi et c'est la seule que j'ai prise ! Il y a comme cela des hasards amusants ...
Le ministre de la culture a voulu défendre le rôle du Salon dont tout le monde comprend qu'il est au cœur d'une polémique sur son coût et sur son utilité. Sans compter les nostalgiques qui aimeraient le retrouver au Grand Palais comme à ses débuts. On comptera probablement le nombre des visiteurs avec appréhension en guettant la barre des 200 000 de l'an dernier.
Pour ma part j'ai remarqué la présence de plus en plus visible des régions (sans que la Lorraine y soit ... !) et regretté l'absence de nombreuses maisons d'édition, en particulier Jean Claude Lattès. Aucune chance de me trouver nez à nez avec Hervé le Tellier dont l'espoir d'une dédicace m'échappe une seconde fois (lire ma chronique pour le prix ELLE).
Chez Philippe Rey on regrettait l'absence de Camille de Villeneuve, retenue pour cause de maternité. Le succès de son livre les Insomniaques, sélectionné pour le prix ELLE, réjouissait néanmoins l'équipe. Apprenant ma position de juré on aurait aimé que je puisse faire un pronostic mais ce ne sont pas les avis de mes "consoeurs" bloggeuses qui suffiraient pour deviner de quel coté penchera la balance.
J'ai honnêtement donné mon avis sur l'ouvrage. (Je crois savoir que nos commentaires sont envoyés aux auteurs par la rédaction ce qui est plutôt une bonne chose). L'éditrice m'a confirmé que Camille de Villeneuve n'avait pas voulu porter de jugement sur ses personnages, et que l'on pouvait comprendre que le lecteur attend d'un auteur qu'il prenne davantage partie.
Cette conversation m'a consolée de ne pas pouvoir discuter avec l'auteur qui ne viendra au salon que demain, pour voir les jurés ELLE. Mes contraintes professionnelles me privent de ce moment privilégié mais la frustration est supportable car je sais déjà que je pourrai aller à la remise du Prix. L'important est d ene pas perdre l'envie de lire. J'ouvrirai dès que possible l'essai que Camille a écrit avant ce premier roman, une réflexion sur la place que l'église consent aux femmes, et intitulé "Vierge ou mère". Je pense aussi que je relirai les Insomniaques cet été avec le recul suffisant pour l'apprécier davantage.
Les choses ne sont néanmoins guère faciles pour cette famille, de caste sociale aisée qui redevient rien ou presque, et qui, après avoir tout perdu doit recommencer à moins que zéro. Elle explique en effet que ses parents parlant français ont été privés du salaire que le Québec versait aux immigrés pour leur laisser le temps d'apprendre la langue.
Elle parle du passé sans aucune pathologie ni même la moindre rancune, disant s'être développée par petites gouttes successives, d'où le titre de son livre qui signifie aussi Berceuse en vietnamien. Elle se définit comme une femme très ordinaire vivant une vie ordinaire, pas encore écrivaine, mais toujours mère. Elle raconte des tas de petites choses de la vie courante en excellant dans l'art du détail et de la description des odeurs.
J'ai été happée par son dynamisme, sa pulsion de vie et son rire si joyeux. Après cette rencontre je ne pouvais que fuir les mondanités et les hordes de pique-assiettes effrontés prenant la place des serveurs pour mieux se goinfrer sans délai.
Au stand des éditions Zulma on était encore sous le choc de la disparition de Pascal Garnier et j'apprends que mes billets ont été mis en lien sur leur site. Deux nouveaux livres de ce formidable auteur vont malgré tout pouvoir sortir prochainement et la télévision s'apprête à tourner deux adaptations, dont celle de l'excellent roman par lequel j'ai connu l'univers de l'auteur : lune captive dans un œil mort.
* Prix spécial Sorcières à Thierry Dedieu pour l'ensemble de son oeuvre.
* Tout-petits : Ouaf miaou cui-cui de Cécile Boyer, Albin Michel Jeunesse. Un livre magnifiquement conceptuel.
* Albums : La petite casserole d’Anatole d’Isabelle Carrier, Bilboquet
* Premières lectures : Vérité, vérité chérie de Valérie Zenatti, ill. Audrey Poussier, L’école des loisirs (Mouche). L'actualité de Valérie Zenati, à l'honneur aussi pour la parution d'un roman adultes est décidément très riche cette année.
* Romans adolescents : Genesis de Bernard Beckett, Gallimard Jeunesse (Hors série littérature)
* Documentaires : À quoi tu joues ? de Marie-Sabine Roger, ill. Anne Sol, Sarbacane / Amnesty international.
La soirée avançait. Les organisateurs ont du menacer de faire évacuer le hall car un épais nuage de fumée menaçait la sécurité : les fumeurs indélicats ne voulaient pas perdre leur place au premier rang des buffets le temps d'aller dehors fumer leur cigarette. Ils naviguaient verre à la main, clope au bec, dans des stands n'ayant rien à envier aux wagons du RER à une heure de pointe.
Les allées ont fini par se vider. Malgré la fatigue j'ai voulu saluer quelques éditeurs de ma connaissance (je ne ferai pas de pub intempestive) et faire un dernier tour de piste. Bien m'en prit, je découvris des stands qui n'étaient pas accessibles quand ils étaient noirs de monde. Comme par exemple l'initiative de la chaine de télévision Tiji qui exposent quelques portraits de personnalités sur le thème du doudou, réalisés par le légendaire Studio Harcourt, pour sensibiliser le public à la cause des Toiles Enchantées. Une jolie initiative dont je peux vous montrer la bande-annonce :
Bande Annonce Opération Doudous Enchantés
envoyé par marctoiles. - Regardez des web séries et des films.
Ces photos seront ensuite exposées au palais de Tokyo du 24 mars au 14 avril 2010. Malgré la volonté de Pierre Arditi de refuser le mot "fin" l'heure était venue d'aller retrouver doudou à la maison et de se remettre aux choses sérieuses, lecture et écriture.