Poezibao poursuit la publication du dossier Ingeborg
Bachmann conçu par Françoise Rétif. A propos de ce dossier, lire l’introduction
et la présentation, lire aussi une première
série de quatre poèmes, ainsi que la séquence « Chants
en fuite ».
SOUS L'ORAGE DE ROSES
Où que nous allions sous l'orage de roses
la nuit est illuminée d'épines, et le tonnerre
du feuillage, naguère si doux dans les buissons,
est désormais sur nos talons.
•
OMBRES ROSES OMBRES
Sous un ciel étranger
ombresroses
ombres
sur une terre étrangère
entre roses et ombres
dans une eau étrangère
mon ombre
Schatten Rosen Schatten, extrait du
recueil Anrufung des großen
Bären/Invocation de la grande Ourse (1956), Werke, op. cit., p. 135.
Traduction Françoise Rétif
Unter einem fremden Himmel
Schatten Rosen
Schatten
auf einer fremden Erde
zwischen Rosen und Schatten
in einem fremden Wasser
mein Schatten
•
HÔTEL DE LA PAIX
Le fardeau de roses tombe sans bruit des murs,
à travers le tapis perce le fond et la ruine.
De la lampe le cœur de lumière se brise.
Obscurité. Bruit de pas.
Le verrou a barré la porte à la
mort.
Lu à la radio de Hambourg (NDR) le premier février 1957.
Publié dans la revue Botteghe Oscure,
Roma, Quaderno XIX, Spring 1957, p. 445.
Repris dans Werke, I, op. cit., p.
152.
Traduction Françoise Rétif
Die Rosenlast stürzt
lautlos von den Wänden,
und durch den Teppich scheinen Grund und Boden.
Das Lichtherz bricht der Lampe
Dunkel. Schritte.
Der Riegel hat sich vor den Tod geschoben.
•
EXIL
Je suis un mort ambulant
porté présent nulle part
inconnu au royaume des préfets
en surnombre dans les villes dorées
et les campagnes verdissantes
relégué depuis longtemps
et doté de rien
Que de vent de temps de son
moi qui parmi les hommes ne peut vivre
Moi avec la langue allemande
cette nuée autour de moi
que je tiens pour maison
parcours toutes les langues
O comme elle s’obscurcit
les notes de pluies les sombres
rares celles qui tombent
En haut en des zones plus claires elle porte ensuite le mort
Publié dans la revue Botteghe
Oscure, Roma, Quaderno XIX, Spring 1957, p. 447. Repris dans Werke, I, p. 153.
Traduction Françoise Rétif
Ein
Toter bin ich der wandelt
gemeldet nirgends mehr
unbekannt im Reich des Präfekten
überzählig in den goldenen Städten
und im grünenden Land
abgetan lange schon
und mit nichts bedacht
Nur mit Wind mit Zeit und mit Klang
der ich unter Menschen nicht leben kann
Ich mit der deutschen Sprache
dieser Wolke um mich
die ich halte als Haus
treibe durch alle Sprachen
O wie sie sich verfinstert
die dunklen die Regentöne
nur die wenigen fallen
In hellere Zonen trägt dann sie den Toten hinauf