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Bonjour ivresse !

Publié le 28 mars 2010 par Gjouin @GilbertJouin
Bonjour ivresse !
Théâtre Le Méry
7, place Clichy
75017 Paris
Tel : 01 45 22 03 06
Métro : Place Clichy
Une comédie de Franck Le Hen
Mise en scène par Franck Le Hen et Christine Giua
Avec Franck Le Hen (Benoît), Frank Delay (Raphaël), Agnès Miguras (Marie), Caroline Gaget (Wanda)
Ma note : 7/10
L’argument : Benoît retrouve dans son coffre à jouets une liste de choses qu’il s’était promis de réaliser avant ses 30 ans. Problème : il a 30 ans demain ! Entre sa sœur coincée, sa meilleure amie alcoolique mondaine assumée, et un invité surprise, il va passer une soirée d’anniversaire explosive et pleine d’ivresse au milieu de ses secrets et souvenirs d’adolescent. Juste une mise au point pour pouvoir enfin grandir ?
Mon avis : Décor minimaliste, mais suffisant : un bar (important), un canapé (tout aussi important), un petit meuble de rangement et, sur le mur, un immense portrait en noir en blanc de… Jackie Quartz. Nous sommes dans la garçonnière de Benoît. Quand la pièce commence, il est en train de danser sur une chanson de Marc Lavoine en compagnie de sa grande copine Wanda. Benoît fait part à sa copine des affres de l’âge. Il va avoir 30 ans demain et il se sent déjà « périmé ». Benoît est gay, il l’assume sans problème, mais il est fragile et a toujours refusé de grandir. Wanda, elle, c’est tout le contraire. Parfaitement extravertie, délurée, la langue facile, la cuisse légère, le coude agile à se lever, bref elle est aussi haute en couleurs que complètement délurée. Elle est tout le contraire de Marie, la sœur de Benoît, jeune fille sérieuse et naïve, coincée avec les garçons depuis un amour de jeunesse qui s’est bizarrement terminé, elle s’est réfugiée à corps et cœur perdus dans le travail. Evidemment, Marie est la cible préférée de Wanda-la-moqueuse, qui adore balancer à tout-vat et ne fait de cadeau à personne. Pas même à elle-même….
Marie rend visite à son frère pour lui parler de son anniversaire et lui offrir en avance le coffre à jouets de son enfance. Parmi quelques souvenirs puérils, il découvre une liste. La liste des choses qu’il s’était promis de réaliser avant ses 30 ans. Et comme il n’a pratiquement rien accompli de ce qu’il rêvait de faire, il en ressent un gros coup de blues. Or, la résolution la plus importante qu’il n’a pas encore pu mettre à exécution, c’est l’annonce de son homosexualité à sa sœur. Wanda prend alors les choses en main et lui fait jurer de tout révéler à Marie avant la funeste échéance… Mais la liste a réveillé d’autres souvenirs. Particulièrement celui d’un certain Raphaël qui n’était autre que le premier amour de sa sœur et qui, en réalité, courtisait Marie pour mieux approcher Benoît dont il s’était entiché. Pas simple.
Mais ne voilà t-il pas que le cadeau d’anniversaire de Wanda est un gogo dancer. Et devinez qui va débouler dans la soirée, tous muscles et tablettes de chocolat dehors ? Eh oui, vous avez trouvé… Raphaël !!! Alors, comment vont se comporter Benoît et Marie face à leur amour de jeunesse retrouvé. Et lui, Raphaël, dans quel état d’esprit se trouve-t-il vis-à-vis d’eux quelques années plus tard ?
Les atouts de cette pièce sont nombreux. Les dialogues en tête. Vifs, percutants, actuels, ils ont l’art de réjouir la salle. Deux-trois excellentes trouvailles de mise en scène ensuite : un flash-back dont les répliques sont presque exclusivement composées d’extraits de chansons, et la scène où les deux garçons sont couchés de telle manière dans le canapé qu’on dirait qu’ils ne forment qu’un seul corps. C’est vraiment réussi. Seuls petits bémols, quelques passages un peu farce (la scène du gâteau avec Marie) ou un peu maladroits (certaines postures prises par Raphaël).
Enfin, il y a les comédiens. Franck Le Hen campe un Benoît drôle et touchant. Il fait l’homo sans tomber dans la caricature et fait preuve d’un éventail très large en matière de comédie… Agnès Miguras est épatante tant quand elle joue à la nunuche coincée que quand elle se met à faire la fofolle sous l’emprise de l’alcool. Elle est à hurler de rire… Caroline Gaget, elle, est toute entière dans son personnage. Extravagante, délirante et sympathique, elle réussit aussi à faire passer par moment quelques fêlures… Quant à Frank Delay, même s’il n’a pas encore le métier de ses partenaires, il fait très bien ce pourquoi il est là, c’est-à-dire un objet de désir. Il a en tout cas un bel avenir car des jeunes premiers aussi bien foutus et avec une aussi belle gueule, ça ne court pas les plateaux de théâtre.

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