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L'impasse nucléaire

Publié le 28 mars 2010 par Juan

Nicolas Sarkozy a mal avec l'environnement. Chantal Jouanno, sa secrétaire à l'Ecologie, en a fait l'amère expérience la semaine dernière. Désespérée par l'abandon de la taxe carbone, elle a cru à un mauvais rêve, un lobbying trop fort du MEDEF. Elle s'est faite renvoyée dans ses cordes par le Monarque. Publiquement.
La taxe carbone posait un problème de coût. Censurée par le Conseil Constitutionnel, il fallait la redéfinir plus largement, afin de couvrir cette fois-ci le millier d'entreprises les plus polluantes qui en étaient exemptées. Trop cher, d'après Sarko et Fillon. Les entreprises françaises auraient été désavantagées par rapport à leurs concurrentes étrangères.
La question de la compétitivité, légitime, est rarement abordée quand on parle de l'énergie nucléaire.
 Pourtant, depuis mai 2007, Sarkozy tente de vendre la technologie nucléaire partout dans le monde. Jamais la question du coût n'est évoquée.
Voici un récent communiqué du reseau Sortir du Nucléaire.
Eclairant !

Le 24 mars dernier, alors que s’ouvrait le débat public sur la construction d’un deuxième réacteur EPR à Penly, des représentants de diverses organisations de la société civile ont rappelé leur opposition à ce projet. Dangereux, trop cher et inutile, l’EPR devrait en toute logique être immédiatement abandonné.
Or, ce 25 mars 2010, l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) et l’Agence Nucléaire de l’OCDE elles-mêmes ont publié un rapport qui enfonce encore le réacteur de 3ème génération ! En effet, même en sous-estimant largement certains coûts et en faisant l’impasse sur d’autres, celui-ci souligne que l’électricité produite par l’EPR pourrait être bien plus chère que prévu.
Actuellement, l’électricité en base est vendue à 34 €/MWh par EDF sur le marché de l’énergie. Cependant, selon Les Echos, l’explosion des coûts de l’EPR pourrait faire passer le prix de production de l’électricité à 55 €/MWh. Et le rapport de l’AIE prévoit une fourchette de prix de production encore plus haute, de 42 à 69 €/MWh !
Cette publication n’a rien d’un brûlot antinucléaire. Au contraire, elle minimise à l’extrême les coûts du démantèlement et de la gestion des déchets radioactifs, et se montre très optimiste sur les délais de construction des centrales. Elle omet les coûts de la recherche ; elle fait l’impasse sur le risque d’accident et les coûts d’une éventuelle assurance, ainsi que sur les coûts externes supportés par l’ensemble de la société (traitement des cancers dus à l’irradiation) et ceux de la construction des lignes haute tension. Enfin, elle favorise artificiellement le nucléaire par rapport à d’autres énergies, le présentant à tort comme non émetteur de CO2 [7] et postulant l’impact d’une taxe carbone à ce jour inexistante. On peut donc s’attendre à ce que les coûts réels de l’EPR soient bien plus élevés. On peut donc s’attendre à ce que les coûts réels soient fortement supérieurs à ceux annoncés. Mais même ces coûts artificiellement bas fournis par l’AIE montrent que l’électricité produite par l’EPR, à moins d’une forte augmentation des tarifs, sera vendue largement à perte. Ce qui n’empêchera pas la France d’importer – fort cher - de l’électricité lors des pics de consommation, le nucléaire ne pouvant répondre aux pointes de consommation…
Qui paiera la facture de la politique nucléariste de Messieurs Fillon et Sarkozy ? Les contribuables, qui financent déjà les surcoûts de l’EPR. Les millions de citoyens à qui on a imposé le chauffage électrique pour écouler les KWh nucléaires, parmi lesquels la précarité énergétique progresse dangereusement et qui subiront de plein fouet l’augmentation des tarifs. Les générations futures, qui devront gérer les coûts faramineux de l’héritage empoisonné du nucléaire français.
Le Réseau « Sortir du nucléaire » rappelle que l’EPR, dangereux, inutile et cher, doit être immédiatement abandonné. Les citoyens n’ont eu aucune voix dans la définition de la politique énergétique française et n’ont pas à supporter les coûts d’une « vitrine » aussi dangereuse que désastreuse de la technologie française, ni les coûts du nucléaire en général !
De vraies solutions pour produire une électricité vraiment propre et économiser l’énergie existent. Il est temps de les appliquer, et surtout d’avoir un vrai débat national sur l’énergie en France !

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