Karkwa en mode spontané

Publié le 27 mars 2010 par Gabnews
De l'agence QMI :
Enregistré dans un vétuste manoir français du XIXe siècle et débarrassé d’une préproduction qui «tuait la spontanéité», Les chemins de verre se présente comme l’album de la synthèse, celui qui définit les quatre dernières années, fort occupées, de Karkwa.
Entretien avec le claviériste, François Lafontaine.
QUAND AVEZ-VOUS ENREGISTRÉ CET ALBUM?
On a commencé en mars 2009, alors que nous étions en tournée en France. Ça s’est terminé en février. Comme nous étions en France et que nous avions des journées libres entre les spectacles, on a décidé d’aller au studio d’un ami. On avait des musiques qui traînaient. Alors, on s’est dit: «on rentre en studio et advienne que pourra!» Nous n’avions pas fait de préparation, pas de maquettes. Personne n’avait entendu les musiques ou arrangé quoi que ce soit.
EN QUOI L’ENREGISTREMENT DES CHEMINS DE VERRE A-T-IL DIFFÉRÉ DE VOS ALBUMS PRÉCÉDENTS?
Quand on a fait Le volume du vent, nous avions beaucoup de maquettes. On se retrouvait donc à reproduire en studio ce qu’on avait déjà fait dans notre local. Ça enlève toute forme de spontanéité. Cette fois-ci, c’était intéressant de voir qu’en rentrant en studio, les gars n’avaient pas entendu la chanson et ne savaient pas exactement ce qu’ils feraient. On a décidé de changer la façon d’enregistrer qui était de jouer live, les cinq en même temps, comme on l’avait toujours fait. On travaillait à une, deux, trois personnes maximum pour commencer. Ensuite, les autres arrivaient et ajoutaient des couches par-dessus.
VOUS AVEZ ENREGISTRÉ L’ALBUM AUX STUDIOS LA FRETTE, EN BANLIEUE DE PARIS. DE QUELLE FAÇON CE MANOIR VOUS A-T-IL INSPIRÉS?
C’était tellement une vieille place. Il y a des fantômes là-dedans. Ç’a été occupé par les SS durant la Seconde Guerre mondiale. Des gens y ont peut-être été torturés (rires). C’est un endroit glauque et, en même temps, il y a des choses super belles, un gros jardin avec des arbres qui n’ont pas été taillés depuis des années. Ça transpire la musique. Gainsbourg, Fontaine et Higelin sont passés par là. Feist y a enregistré The Reminder. La journée avant qu’on ne rentre, Lenny Kravitz était passé et projetait d’y enregistrer son disque. On s’est servi de la maison à tous les niveaux. On a sorti les micros dans la cour. On s’est servi de chacun des trois étages pour enregistrer. Si on décidait d’enregistrer un piano, on montait au troisième avec les fils et les micros. C’est un des studios les plus inspirants qu’on a eus.
COMMENT DÉCRIRAIS-TU LES CHEMINS DE VERRE PAR RAPPORT À VOS ALBUMS PRÉCÉDENTS?
C’est un album qui a été capté sur le moment. Un album doit représenter une tranche de ta vie. Je trouve que celui-ci résume assez bien tout ce qu’on a vécu durant les quatre dernières années au cours desquelles on a fait beaucoup de tournées. Même si ça n’a pas été enregistré live les cinq en même temps, ça sonne plus comme un disque de band. Il y a quelque chose de plus spontané dans la production de cet album. Dans la composition, on voulait simplifier le plus possible les formes. La plupart des chansons sont couplet-refrain-couplet-refrain-refrain-refrain, merci bonsoir. On était rendus là.
IL EST DONC SYMBOLIQUE QUE LE PREMIER EXTRAIT, LA PIÈCE-TITRE, SOIT UNE CHANSON TRÈS RYTHMÉE?
En effet, comme premier extrait, on voulait quelque chose de complètement différent de ce qu’on avait sorti avant. C’est une pièce «up tempo», plus binaire, moins ternaire. Dans Le volume du vent, il y a beaucoup plus de chansons lentes, ternaires.
QUEL SERA VOTRE EMPLOI DU TEMPS DANS LES PROCHAINS MOIS?
On devrait prendre une pause de quatre ou cinq mois pour tout digérer ce qui s’est passé durant les dernières années, assimiler ce qu’on a fait sur l’album et avoir un certain détachement pour monter un nouveau spectacle. Si tu veux continuer de faire ça pendant longtemps, ça te prend du temps pour toi. C’est un sujet dont on a discuté dans le groupe. Ça adonne bien parce qu’on aura des enfants (lui et Louis-Jean seront papas bientôt). D’après moi, ce sera bénéfique. Mais on fera quand même quelques festivals cet été, dont certains en août en Europe.
ET COMMENT SE TRANSPOSERA LES CHEMINS DE VERRE SUR SCÈNE?
Curieusement, l’aspect scène sera plus difficile que l’aspect studio. C’était beaucoup plus facile de travailler en studio. Sur scène, il faudra filtrer ce qu’on fera. Je n’ai aucune idée comment on s’arrangera. D’après moi, il faudra s’acheter du nouveau matériel pour reproduire ce qu’on a fait.
Article de Cédric Bélanger, le 27-03-2010