Des militaires ont été retirés ce samedi (27 mars 2010) de huit postes de garde installés dans le centre de Bangkok sous la pression croissante des chemises rouges qui avaient menacé de se rendre à l’intérieur de ces campements.
Le retrait des soldats est intervenu après un rassemblement de chemises rouges devant les huit emplacements militaires. Les représentants des manifestants ont alors exigé que les troupes retournent à leur caserne, si elles ne voulaient pas affronter des protestataires combattant mains nues.
Des camions chargés de soldats ont donc quitté les campements de Wat Bowon Niwet, Wat Tri Thotsathep, Wat Makut Kasat, Wat Kae Nang Loeng, Wat Sommanat, de l’hippodrome Nang Loeng, du zoo de Dusit et de l’École de Commerce Pranakon, sous les applaudissements d’une foule de chemises rouges.
À 14 heures, le Vice-premier ministre Suthep Thaugsuban est apparu à une conférence de presse de la télévision nationale et a réaffirmé que le gouvernement était toujours apte à contrôler la situation. Les soldats ont été retirés pour éviter la confrontation, a-t-il expliqué.
« Actuellement, ils doivent abandonner leur position pour éviter une confrontation », a-t-il déclaré depuis le 11ème Régiment d’Infanterie où le centre des opérations de maintien de la paix du gouvernement est installé.
« Personne ne perd la face, nous voulons simplement maintenir l’ordre public et contenir la situation », a-t-il assuré.
Il a été ordonné à l’armée et à la police de faire montre d’une extrême patience vis-à-vis des protestataires antigouvernementaux.
Suthep Thaugsuban a dit que le retrait des troupes était « un ajustement » et que les soldats retourneraient sur place ultérieurement.
Cependant, les chefs du Front Uni pour la Démocratie contre la Dictature (United Front for Democracy against Dictatorship ou UDD) ont crié victoire après le retrait des militaires.
« Les chemises rouges ont triomphé car les soldats quittent actuellement leurs campements », a annoncé, près de Nang Loeng et grâce à un mégaphone installé sur un camion, le député du parti d’opposition Pheu Thai, Jatuporn Promphan, l’un des responsables de l’UDD.
« Ce n’est pas seulement notre victoire, mais une victoire pour tout le peuple », a affirmé Natthawut Saikua, un autre dirigeant du mouvement antigouvernemental, sous les acclamations des manifestants.
Le colonel Sansern Kaewkamnerd, porte-parole pour le centre des opérations de maintien de la paix, a assuré que l’armée redéployait simplement les soldats pour éviter une confrontation, en espérant que cela calmerait les protestataires.
« Les militaires ne sont pas les ennemis des chemises rouges. Ils ont été placés dans des campements qui sont assez éloignés du principal lieu de rassemblement. »
« Si tous les soldats abandonnent les postes de garde, qui sera responsable du maintien de l’ordre si la situation dégénère ? », a-t-il demandé.
Le général de division Piya Uthayo, porte-parole du bureau de la police métropolitaine, a indiqué que la sécurité sera renforcée dans ces secteurs pour éviter qu’une tierce partie tente d’y semer le trouble.
Une fois leur objectif atteint, les protestataires sont retournés à leur point principal de rassemblement situé au niveau du pont Phan Fa.
Quelques heures avant cette action, il y a eu une petite déflagration au Département des Douanes, dans Klong Toey. C’est la dernière attaque en date, qui fait suite à une douzaine environ d’attentats à la bombe, survenus dans Bangkok et ses environs immédiats au cours des récentes semaines.
L’explosion, qui a eu lieu à 15 heures ce jour (27 mars 2010) a brisé des vitres et endommagé un fourgon garé à proximité, mais n’a causé aucune blessure.
« Nous ne savons pas encore de quel type de bombe il s’agissait ; nous devrons attendre les résultats de l’expertise légale », a déclaré un policier de quartier.
Des rapports précédents ont évoqué une grenade K75 à fragmentation.