« Soul kitchen » de Fatih Akin
Fatih Akin, là où on ne l’attendait pas . Ce jeune cinéaste germano-turc, bourré de talents, s’est jusqu’alors distingué dans de grands films sociaux-dramatiques.
En 2007 le scénario de son cinquième long-métrage, « De l’autre côté » avec Hanna Schygulla ,( dans ce blog ) était primé au Festival de Cannes. Fatih Akin y jetait un pont entre l’Allemagne et la Turquie, en suivant le destin de deux familles confrontées à l’exil et rapprochées par un drame. Un seul prix pour un si grand film !….Trois ans plus tôt, l’Ours d’or au Festival international du Film de Berlin couronnait son premier film «Head on », portrait d’une jeune Turque qui épousait un vieil Allemand alcoolique pour fuir une famille très religieuse.
« J’étais un peu esclave de tout ce succès, et je pensais devoir ne faire que des films sérieux » .A la suite de la disparition d’un proche,« j’ai compris que le rire comme la mort fait partie de la vie. Je voulais aussi voir si j’étais capable d’écrire un scénario traditionnel en trois actes. Cela s’est avéré plus difficile que prévu ».
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Je confirme , la relative déception qu’entraîne « Soul kitchen »,un essai comique ,bourré de fantaisie et interprété avec énergie par d’excellents jeunes acteurs. Mais après un démarrage difficile, le film s’engage dans différentes directions sans jamais les aborder franchement. Il se traîne , apathie qui rejaillit sur les personnages assez superficiels . Seul le talent des comédiens leur donne un peu de relief, avec notamment dans le rôle clé Adam Bousdoukos, co-scénariste, qui joue un jeune Allemand d’origine grecque , propriétaire d’un restaurant installé dans un vieil entrepôt. Tout irait pour le mieux si sa petite amie (Pheline Roggan ) ne s’apprêtait à le quitter pour la Chine, alors que son frère (Moritz Bleibtreu excellent dans plusieurs registres ) tout juste sorti de prison le tape un maximum.
Adam Bousdoukos et Moritz Bleibtreu, deux frangins qui s'entendent plutôt bien ...
C’est le décor du film plutôt bien tendu jusqu’à ce que Akin n’en rajoute dans la mise en scène et le casting, avec un un chef dictateur aux fourneaux (Birol Ünel ) aussi irascible que doué, une contrôleuse du fisc , une serveuse un peu à la ramasse, une promoteur immobilier et toute une kyrielle de copains qui à part faire la fête n’aident pas tellement le scénario.
Je ne sais pas trop ce que Fatih Akin a voulu dire dans cette joyeuse comédie , qui célèbre les valeurs d’entraide, d’amitié et de tolérance . C’est chaleureux, cocasse , fugace.