Le Pensionnat des établis
Un très bon travail de synthèse :
Les tremblement s’immobilisent
Une première véritable contribution :
Le volume du vent
Le grand bond vers la maturité:
Les chemins de verre
Rares sont les groupe capables de maintenir un tel degré d’excitation. Très rares sont les groupes québécois francophones capables d’y parvenir. Pour ma part, il n’y en a que deux au Québec : Karkwa et Malajube. On en veut d’autres! En attendant la prochaine cuvée indie (ça presse!), on a tout intérêt à suivre la trajectoire de ces trentenaires. Car Louis-Jean Cormier, François Lafontaine, Julien Sagot, Martin Lamontagne et Stéphane Bergeron n’ont pas tout dit.
Qu’ont-il dit cette fois ?
Pyromane de l’intimité. Scribe de la chambre à gaz, en proie à l’acouphène cette « bile qui roule dans mon crâne ». Un « moi léger » émerge du tunnel et la lumière. Une petite Marie qui pleure pour rien. La grande dérive néolibérale, l’escapade de fraudeurs en smoking, 3000 soldats en guerre, santé précaire du bon sens.
Des mutants en cavale sur des chemins de verre. Le grand paradoxe de la relation passionnelle… et de son implosion annoncée. Les drogues dures. Les enfants de Beyrouth. Étrange lucidité au bar de danseuses. Le sang d’encre face à la santé de l’autre. Celle qu’il aime.
Voila autant d’agrégats de la matière poétique signée Louis-Jean Cormier, principal auteur – Julien Sagot s’est permis quelques rimes solides en complément d’orchestre. Voilà un monde de densité littéraire, dont les ambitions formelles demeurent louables. Ces textes de chansons s’en trouvent moins surchargés qu’ils ne l’ont été, bien que… quelques maladresses se planquent encore dans l’abstraction. Bien que des rimes devraient encore être émondées.
Mais bon, il faut en retenir les améliorations notoires. Et il faut surtout apprécier la musique de Karkwa. Car le groupe, du moins en ce qui me concerne, propose d’abord une aventure sonique. Ze groupe québécois au chapitre de l’équilibre atteint entre complexité musicale et force brute. À ce titre, Karkwa reste nettement supérieur à la moyenne francophone, toutes nations confondues.
Pour ce quatrième album, le groupe a pris de sages décisions en évitant toute surproduction. En misant le caractère brut du rock indé sans en évacuer les trouvailles formelles. En accédant à d’autres banques de sons, de nouveaux riffs, des arrangements inédits. Prenez La Piqûre, qui deviendra un classique du groupe; Karkwa n’avait jamais fait les choses ainsi.
En flirtant avec le folk, en rapprochent davantage de la forme chanson plutôt que de déployer son savoir instrumental, Karkwa a créé un album qui s’imprimera dans la mémoire des fans.
Grand bond vers la maturité, j’insiste.
Extrait de l' article mise en ligne le Samedi 27 mars 2010