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Avec l'aide de ses proches dont Brigitte Girardin, Présidente du Club Villepin, Dominique de Villepin s'est livré à un exercice difficile : changer les marqueurs de la vie politique Française. Il a fait renaître les mots oubliés.
Sous sa version officielle, le scénario pour la présidentielle 2012 se présente de façon simple.
Il y a d'un côté le PS reconstitué derrière celle qui incarne la gauche technocratique : Martine Aubry. Face à ce retour de la gauche archaïque, il reste le rempart incompris parce qu'il traverse l'épreuve des réformes difficiles mais incontournables dans un contexte d'une immense tempête : Nicolas Sarkozy.
La tempête est telle que le valeureux capitaine y consacre toute son énergie parfois même au prix de l'oubli de sa propre santé. C'est pourquoi, ses plus proches doivent lui rappeler, fut-ce de façon publique, qu'il ne doit pas s'oublier à ce point car il met sa propre santé en danger.
S'il le fait, c'est parce que l'intérêt des Français l'exige. Il a d'autant plus de mérite que, dans son propre camp, des rivalités personnelles aveuglent au point de pousser certains à la dérive de penser à une candidature personnelle qui affaiblirait encore davantage l'unité indispensable. Sous ce dernier rôle, c'est bien entendu Dominique de Villepin qui est visé.
Voilà pour le scénario officiel beaucoup relayé ces derniers jours non sans talent d'ailleurs.
Mais ce scénario comporte des oublis importants voire même des erreurs inquiétantes.
Tout d'abord, il n'y a pas une gauche mais des gauches. Martine Aubry est l'une d'entre elles. D'autres sensibilités existent et il est pour le moins prématuré de les ranger désà présent au vestiaire. Il ne revient pas aux commentateurs de désigner le candidat socialiste. C'est le travail des militants de ce parti.
Ensuite, la démarche de Dominique de Villepin relève d'une autre dimension conceptuelle. Il suffit de noter les mots employés par lui le 25 mars pour constater qu'ils sont actuellement oubliés de la vie politique Française.
Enfin, cette scénarisation est classique dans la pré-présidentielle mais elle n'a jamais fonctionné.
En 1980, Giscard ne "pouvait être battu". En 1995, Edouard Balladur ne pouvait être menacé par "Jacques Chirac qui ne rassemblait pratiquement plus personne". Balladur devait alors gagner la "formalité électorale face à la gauche disqualifiée et Chirac fossilisé".
Cette scénarisation officielle portée par des spécialistes du microcosme a toujours été emportée par le suffrage universel direct.
Ce n'est pas parce qu'il en fut ainsi hier qu'il en ira de même demain. Mais, pour le moins, c'est parce qu'il en fut ainsi hier que cette vérité officielle n'a pas nécessairement prévu demain.
Le Général de Gaulle avait une formule qui résumait en une phrase sa politique "toute ma vie je me suis efforcé de respecter la politique des Capétiens". Les Français ont toujours été, même involontairement, les autres garants de cette politique.
Ils sont également garants d'un "bon sens de fond de province" contre les "bons esprits parisiens". Dominique de Villepin a employé les mots qui parlent au "fond de province". Encore faut-il que, grâce à la durée, ce fond de province les entende car pour l'instant beaucoup a été fait pour qu'il n'en soit pas ainsi.