Eau potable. Photo (c) Alex Anlicker
Dans la Région du Littoral, un autre projet de la coopération tire à sa fin. Il ressort d'une évaluation des acquis qu'une part importante des micro-projets a été allouée aux forages. De même, dans un quartier de Douala, Veolia Waterforce, l'Agence de l'Eau Seine-Normandie et l'AIMF (Association internationale des maires et responsables francophones) s'investissent pour aider la population à assurer son accès à l'eau potable. Elles sont ainsi nombreuses, des occasions où la coopération internationale a été amenée à voler au secours du Cameroun toujours en mal de stratégie. De la coopération Française aux organisations des Nations Unies en passant par le Fonds Européen de Développement (FED), les expériences sont innombrables.
En effet, la signature des accords de partenariats entre l'Union européenne et les pays ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique) a mis un point d'honneur sur les investissements sociaux de base. En 2000, les Nations Unies adoptent la déclaration du Millénaire. Il s'agit d'un ensemble de huit objectifs dont la réalisation permettra de réduire l'extrême pauvreté de 50% dans le monde d'ici 2015. Au Cameroun et avec l'admission du pays à l'initiative PPTE (Pays pauvre très endetté), le gouvernement a mis sur pied un Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP). Celui-ci met un accent particulier sur l'accès des couches pauvres aux services sociaux tels que l'eau et l'électricité.
Aujourd'hui, avec le vent de la décentralisation, il est davantage question pour les programmes financés sur fonds FED d'appuyer les populations dans l'appropriation des outils de développement à la base, en l'occurrence, l'accès à l'eau potable.
Selon une enquête réalisée par Dynamiques Sud, il ressort que plus de 90% de forages réalisés au Cameroun sont financés par la coopération internationale, à travers les organisations de la société civile ou les collectivités territoriales décentralisées. Pendant ce temps, le gouvernement camerounais continue de briller par son laxisme. Les responsables du ministère de l'Energie et de l'Eau ont oublié de mettre en place une politique de prévention. Pourtant, le Cameroun dispose de beaucoup d'atouts qui devraient mettre les populations à l'abri d'une quelconque pénurie d'eau potable. Avec la privatisation de l'ancienne SNEC, la CDE (Camerounaise des eaux) a été choisie pour s'occuper du volet production, transport, traitement, stockage, distribution et commercialisation de l'eau au Cameroun. Elle exploite le patrimoine de la Camwater (estimé à 316 milliards de FCFA), société propriété de l'Etat dont la tâche est de construire, assurer la maintenance et gérer les infrastructures du réseau. Les populations ont cru voir dans cette nouvelle organisation des gestes d'une volonté politique de conjurer définitivement le démon de la pénurie d'eau potable au Cameroun. Mais depuis janvier 2010, l'eau potable est devenue la denrée la plus rare du second pays le plus arrosé en Afrique. Dans les zones rurales et urbaines, la seule alternative aux populations reste les forages et les points d'eaux aménagés sur financement de la coopération internationale. En 2006, la Belgique octroyait 6 milliards de FCFA au Cameroun, destiné à l'accès à l'eau. Pour la même cause, la Chine a prêté cette année là 102 milliards de FCFA et l'Allemagne 32,2 milliards de FCFA. Depuis ce temps, les tuyaux sont devenus de plus en plus secs au Cameroun et l'eau est devenue un luxe destiné aux plus nantis. L'aide de la coopération peut-elle être efficace sans l'effort des nationaux ?