Adolfo Kaminsky a eu une vie incroyable, œuvrant dans la clandestinité pour aider les victimes de toutes les causes qui lui semblaient justes, pendant plus de trente ans.
Cela a commencé avec la Seconde Guerre mondiale et la fabrication de fausses cartes d’identité pour les juifs menacés d’arrestation. Adolfo Kaminsky, argentin et juif, a alors dix-sept ans, il est teinturier en Normandie.
« Rester éveillé. Le plus longtemps possible. Lutter contre le sommeil. Le calcul est simple. En une heure, je fabrique trente faux papiers. Si je dors une heure, trente personnes mourront… »
Rescapé du camp de Drancy, Adolfo Kaminsky poursuit ses activités après la guerre, ne se fiant qu’à ses idéaux et refusant toute rémunération. L’Algérie, la Grèce, l’Amérique du Sud, l’Espagne… En 1971, il raccrochera son costume de faussaire pour démarrer une vie d’homme libre.
La vie d’Adolfo Kaminsky est un roman, mais sa fille Sarah, la dernière de cinq enfants nés de deux mariages différents, en a fait un témoignage.
C’est passionnant – notamment les techniques de falsification, les secrets d’inviolabilité percés à jour après des essais de collage ou des expériences de chimie, de même que ces causes qui, mises bout à bout, forment une partie de l’histoire de France, d’Europe, du monde occidental.
Ce qui m’a frustrée, c’est que j’aurais voulu mieux connaître la vie de l’homme, au-delà de son métier, et les interférences de son métier sur sa vie. Ces aspects ne sont que survolés, une ligne pour une relation amoureuse, une autre pour deux enfants. On a du coup l’impression qu’Adolfo Kaminsky enchaine les conquêtes, alors qu’elles sont en fait séparées par des mois, parfois des années. Il aurait peut-être fallu que le livre fasse deux fois, trois fois plus de pages. Vu l’intérêt du sujet, je pense que cela se serait lu aussi bien.