En général j’ai la dent très dure avec les comédies dites "à la française". Je suis persuadé que l’âge d’or du genre est derrière nous. De nos jours la quantité prévaut sur la qualité. Je pense qu’il y a là un constat d’échec. Le cinéma français semble avoir perdu les recettes d’un genre cinématographique divertissant, familial et fédérateur.
Mais quand un long métrage sort du lot et qu’il me plaît énormément, j’ai envie de vous en faire profiter pleinement.
"L'Arnacoeur" appartient à cette race de longs métrages qui marquent les esprits et qui donne du plaisir de la première à la dernière seconde.
Au départ j’avais trouvé la bande annonce originale et attrayante. Le film n’a fait que confirmer la bonne impression initiale.
Alex (Romain Duris) est briseur de couples professionnel. Son travail l’amène à s’occuper de femmes malheureuses en ménage ou sur le point de le devenir. Avec Mélanie (Julie Ferrier) et son beau-frère Marc (François Damiens), il a monté une PME de la séduction. Mais l’affaire d’Alex est criblée de dettes.
Sous la pression il accepte ainsi son plus gros challenge : empêcher le mariage de Juliette (Vanessa Paradis) avec Jonathan (Andrew Lincoln) à la demande du père de cette dernière (Jacques Frantz). Le problème s’annonce très compliqué car les deux tourtereaux filent le parfait amour.
"L'Arnacoeur" est une comédie romantique d’excellente facture qui séduit par la simplicité de son thème. L’histoire est classique mais accroche immanquablement le spectateur. Nous sommes plongés en plein cœur d’une œuvre fraîche, distrayante et enrichissante.
"L'Arnacoeur" est un réel divertissement généreux et indiscutablement bien né.
Le film ne souffre pas d’un manque d’allant ou d’une baisse de rythme. Avec de petits riens (un regard, un geste, une situation), Pascal Chaumeil, dont c’est le premier long métrage, fait rebondir l’action sans cesse.
Les situations cocasses sont très nombreuses et je me suis surpris à rire franchement très souvent. Mais les gags ne sont pas vulgaires et lourdingues. On est plus dans un comique de situations. La mécanique est très bien huilée car les instants de bonne facture s’enchaînent sans difficultés ou transitions pesantes.
Le film recèle de vrais moments de cinéma comme l’hommage appuyé à "Dirty Dancing" par exemple. Des minutes où le comique prend ses distances et nous tombons alors dans un romantisme de bon aloi et une émotion pure.
L’alchimie entre les personnages fonctionne à merveille. Le duo Romain Duris-Vanessa Paradis est épatant, tonitruant. Les dialogues sont savoureux et piquants même par moments. Les réparties fusent comme des balles de tennis.
Romain Duris ajoute une corde à son arc de comédien déjà confirmé. Il est plus qu’excellent dans la peau de ce "french" séducteur. Ses expressions de visages, les subterfuges employés pour charmer rendent le personnage attachant.
Vanessa Paradis est rayonnante. Le ton de son jeu est juste. Son personnage semble réservé dans la première partie du film alors que sa fougue éclate dans un final haut en couleurs.
Après "Micmacs à tire-larigot" cela fait deux fois que je vois Julie Ferrier en moins d’un an et que je la trouve phénoménale. Son numéro de femme caméléon dans "L'Arnacoeur" est plus que jouissif. On a même le sentiment que le réalisateur a du lui laisser une très grande liberté tant l’impression qu’elle se lâche totalement est évidente.
Mais l’énorme révélation du long métrage est François Damiens qui nous hypnotise avec un talent pur et une bonne humeur communicative. L’acteur belge nous gratifie d’une performance des plus savoureuses. On en redemande.
A noter aussi la sympathique présence de Jacques Frantz, connu dans toute la France pour ses qualités de comédien de doublage (Robert de Niro, Mel Gibson, Nick Nolte ou John Goodman entre autres depuis des lustres). Je suis persuadé que des spectateurs ont du se dire qu’ils avaient déjà entendu cette voix quelque part.
"L'Arnacoeur" est un long métrage très réussi. Une oeuvre qui nous rappelle certains classiques hollywoodiens. Je suis sorti de la salle charmé par ce que je venais de voir. Pascal Chaumeil, autrefois premier assistant réalisateur sûr "Léon" de Luc Besson, fait preuve ici d’une maîtrise évidente et d’un savoir faire de tous les instants.
Certains cinéastes, gavés de fric, seraient bien avisés de s’en inspirer.