La littérature populaire était le point de réflexion sur la Place des livres hier matin de 11h à 12h au Salon du livre. Cette conférence intitulée « Littérature populaire : quand l'imaginaire reprend le pouvoir » visait à situer la place de cette littérature dans le paysage éditorial français.
Elle était animée par Nicolas Charbonneau, journaliste au Parisien et donnait la parole au collectif d'auteurs La ligue de l'Imaginaire représenté par Éric Giacometti, Bernard Werber, Jacques Ravenne, Olivier Descosse, Patrick Bauwen (qui est arrivé avec 20 petites minutes de retard), Henri Loevenbruck et Laurent Scalese. Les invités ont débattu avec des tendances plus ou moins diplomates sur la place accordée à la littérature dite de genre (fantasy, SF, polar, thriller...). On le sait, elle a longtemps été considérée comme de la sous-littérature qui ne vaut pas la peine de se pencher dessus, mais qu'en est-il aujourd'hui ?
La littérature populaire, « un art majeur »
Les invités se sont accordés pour dire qu'il existe toujours en France une sorte de clivage entre une littérature considérée comme respectable, une littérature réaliste et la littérature de l'imaginaire. Selon Eric Giacometti : « Une bonne littérature dite populaire doit être une littérature qui fait rêver son lecteur, qui l'embarque dans un voyage ». De son côté, Laurent Scalese surenchérit en affirmant que ce la littérature de l'imaginaire n'est « pas du tout un art mineur, mais un art majeur » se fondant sur le fait qu'elle apporte non seulement du rêve, mais aussi une réflexion sur diverses thématiques.
Un autre point qui paraît rassembler ces auteurs est la volonté d'amener des personnes à la lecture. Il n'est pas forcement facile de découvrir le plaisir de la lecture avec un livre réaliste, qui prend du temps à se mettre en place et donc demande au lecteur une certaine implication. Et cela se vérifie particulièrement au niveau de la jeunesse qui est essentiellement tournée vers les écrans. Patrick Bauwen explique à se propos que sa propre fille n'arrivait pas à accrocher avec la lecture jusqu'à ce qu'elle découvre un livre de Guillaume Musso.
Un manque de curiosité regrettable
Alors pourquoi cette littérature facile d'abord, qui attire des personnes vers la lecture et qui aborde des thèmes de réflexions variés est-elle si mal considérée, en France ? Les invités ont vu plusieurs sources. Tout d'abord les programmes scolaires, où elle n'est que peu représentée, et ce, jusqu'à l'université. Ensuite et cela semblait le point essentiel, la presse du domaine littéraire éprouve un certain dédain pour les genres de l'Imaginaire.
Eric Giacometti affirme : « Les 3/4 si ce n'est les 4/5 des critiques ont les mêmes codes de pensée » ajoutant « très peu de critiques aiment le genre populaire ». Olivier Descosse de son côté explique que cette mentalité est tellement ancrée qu'une partie des critiques littéraires en ont perdu leur curiosité. Ils sont rebutés par la forme et ne cherchent pas à voir le fond. Un avis partagé par Bernard Werber qui considère que « notre principal ennemi est le manque de curiosité ».
Tout au long de cette heure de conférence le portrait brossé a pu sembler sombre, voir désespéré cependant les auteurs se disent heureux de faire ce qu'ils font et se montrent optimistes. Pour eux le combat, pour une meilleure considération de la littérature de l'imaginaire est déjà gagné car il ne peut en être autrement. Et le fait qu'ils se soient réunis en un collectif pourrait accélérer les choses. En tout cas, Werber s'est montré très enthousiaste sur ce point qualifiant ce regroupement de « miracle ».