"Certaines femmes sont plus égales que d'autres." Dans l'iceberg de la féminité, une petite part
seulement a la tête hors de l'eau, quand le reste des continents la maintient encore noyée.
Ce que les femmes occidentales subissent (écarts de salaires, goujateries diverses,...) reste bien gentillet au
regard de ce que des milliards d'entre elles souffrent encore, avant tout en Afrique.
Car ne nous y trompons pas. Contrairement à ce que voudraient nous faire croire les bougies ramollies qui ont
remplacé le flambeau des Lumières dont quelques vacillantes étincelles gisent encore à terre : non, tout ne se vaut pas.
Non, une culture qui excise et infibule ses femmes*, leur infligeant des tortures à vie, n'est pas digne de
figurer au Panthéon de la civilisation ! Ne pas confondre culture et barbarie. Au Kenya, des femmes en furent réduites à fonder un village interdit aux hommes pour fuir les violences de leurs
époux.
Pas plus qu'interdire à ses femmes de sentir sur leur peau la caresse de la lumière du jour n'est tolérable.
Savent-ils, ceux qui cautionnent avec un sourire complaisant ces pratiques, que, dans la panoplie coutumière que cache la burqa, le mari a le droit de priver son épouse de nourriture si elle ne
le satisfait pas pleinement sexuellement ? Croient-ils que ça existe, une burqa aux couleurs d'arc-en-ciel ? Que la diversité culturelle et le métissage, les imposeurs de linceul en rêvent ?
Qu'ils accepteraient que leurs filles incarcérées sous le tissu se marient avec ceux qui ne se soumettent pas au joug de la Charia ?
L'esclavage a été aboli en France en 1848. Et l'on voudrait que, chassé par la porte, il revienne par la
fenêtre, derrière les tchadors et les huis clos familiaux ?
Il faut dire qu'une génération dont la révolte s'est construite au bruit des percussions et des slogans bien
pensants mais mal pensés se laisse duper plus facilement que ceux qui ont bâti la leur autour de la solide colonne vertébrale des concepts et des livres. Hélas aussi, elle crie toujours assez
fort pour que ceux qui ont les yeux ouverts gardent la bouche fermée.
*Environ 50 000 femmes excisées vivent en France, et encore trop de petites filles sont mutilées de même, soit
sur place (plusieurs procès en témoignent), soit lors d'un voyage au pays.
Publié dans l'Hebdo du Vendredi le 5 mars 2010