Arrêtez la pédagogie, merde !

Regardé un "débat entre politiciens" sur une chaîne de télévision sans publicité le soir. Il y avait deux séquences.
L'une intitulée "que devient la gauche" avec Ségolène Royal et Daniel Cohn-Bendit.
L'autre revenant sur l'abstention aux régionales et faisant rebond, écho à un reportage réalisé dans la commune de France où l'on s'est le plus abstenu, Farebersviller. En plateau : un ministre, un chef de syndicat, le médiateur de la République, une chef d'entreprise. Il y fut pas mal question de la prochaine actualité sociale et de la réforme des retraites.
Je me suis demandé si dans tout cela, quelque chose n'était pas en train de changer. Pas changer au sens d'une espérance qui reviendrait au galop, mais changer de manière plus profonde. Eux qui changent.
Comment dire...
Me semblait que ces gens d'horizons divers, certes ne s'écoutaient pas plus, mais nous parlaient davantage, nous les assis devant. Nous parlaient autrement, surtout. Nous prenant peut-être moins pour des débiles mentaux. Essayant même de dire des choses, parfois y réussissant.
Comme si, chez les uns comme chez les autres, les abstentionnistes donnaient le ton. Pourvu que ça dure, me disais-je.
Le mot "pédagogie" a d'ailleurs fleuri sur quelques lèvres. A plusieurs reprises.
Ce n'est pas un mot à prendre à la légère. Il incarne sans doute le malaise français. Ce rapport entre les foules et le "pouvoir", rapport confisqué par ce dernier, est remplacé par cette idée : moi qui sait, je vais t'expliquer ; rapport extorqué par cette réalité : je vais décider pour moi et je te raconterai après pour toi. Fais moi confiance et moi je ne fais confiance à personne. Fais ce que je dis, pas ce que je fais.
Nous sommes acteurs de ce pays. Quelles que soient nos capacités contributives, comme le dit la constitution. Les gens n'ont pas besoin de cette pédagogie-là. Qui n'en est pas. Arrêtez de dire et parlez nous...
Les gens en ont marre d'avoir le sentiment d'être à l'école et qu'on leur fasse la leçon. Ils veulent de la justice. De l'équité. Ils veulent conduire leur existence et avoir la possibilité de le faire.
Arrêtez la pédagogie. Vite.
Depuis la fin des années 1970, la France passe son temps à essayer de résoudre des problèmes. Je me suis pris à imaginer qu'enfin, nous serons patients bien sûr, on allait peut-être essayer de commencer à trouver des solutions. Sous la vigilance du peuple. Un peuple plus mature que ces "cerveaux" ne semblent le penser. A leur grand dam. Un peuple qui se fiche de politique. Mais pas des affaires de la cité.