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Un déjeuner à Roanne sous le signe du Moyen Orient

Par Eric Bernardin

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Entre la Savoie et ma prochaine escale proche de Nevers, Roanne est une étape idéale. Surtout lorsque vous savez qu'un ami vous attend à déjeuner. Etant arrivé un peu en avance, je pars à la recherche de la maison Pralus, et la trouve rapidement. Hélas, elle est fermée le lundi (et même si ça  vous paraît bizarre, lecteur, nous sommes lundi ). A peine remis de ma déception, je vais à la rencontre de Raymond

Je le suis en voiture jusqu'à sa maison située en périphérie de la ville. La vue donnant sur la vallée est superbe. Je rentre dans la maison et fait connaissance avec sa femme, Catherine, dont j'ai beaucoup entendu parler ICI. L'accueil est tout ce qu'il y a de chaleureux. Je me sens déjà comme à la maison :o)

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Sur la table basse du salon, une bouteille de Bourgogne 2004 de Coche Dury nous attend, a ccompagné de copeaux de jambon Bellota. Un vin à la robe claire, au nez mêlant de fines notes grillées à des arômes de citron et de coquille d'huître. La bouche est pure, élancée, sans gras superflu (y en a assez dans l'cochon), avec une fraîcheur et une salinité qui lui apportent une dangereuse buvabilité. Si je ne me disais pas que je dois reprendre la route ensuite, je m'en serais bu volontiers plusieurs verres...

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Nous passons ensuite à table et démarrons avec une salade aux crevettes et au pomelos rose. Catherine m'explique le secret de sa délicieuse sauce qu'elle tient d'un célèbre restaurateur parisien connu pour ses salades : tout simplement une mayonnaise maison allongée de bouillon de poule (maison aussi). 

Je commence à entendre au fond de la salle des spectateurs qui marmonnent : "je ne vois pas ce qu'il y de moyen-oriental dans ce repas....". Ce à quoi je réponds : "ça arrive !".

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Catherine amène un plateau de  manti. Raymond étant d'origine arménienne, c'est un incontournable de tous les repas de famille. Autant dire que c'est un honneur de m'en avoir préparé, car cela demande énormément de temps (voir recette ICI).

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Un gros plan

Le plateau retourne ensuite en cuisine pour continuer la préparation. Un bouillon de poule épicé est servi dans des assiettes creuses, puis on y pose les mantis grillés au four. Ils deviennent tendres en dessous et croustillants au dessus.

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Et voilà !

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Il ne reste plus qu'à les recouvrir de yaourt à l'ail et de sumac (une épice au goût acidulé ; j'en avais acheté sans jamais savoir quoi en faire...). Les contrastes chaud/froid, tendre /croustillant sont vraiment extra !

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Quoi de mieux qu'un vin de la même région pour accompagner ce plat : un château Musar 1991. Longtemps à l'abri de l'oxygène, il va lui falloir une bonne aération pour se révéler. Au départ, la gamme aromatique est plutôt tertiaire sur un côté sous-bois d'automne, havane... Puis il fait irrésistiblement penser à un médoc d'un âge respectable avec des notes de cassis et de cèdre. Enfin, il se fait plus oriental, et semble nous faire une danse du ventre, avec ses arômes de rose d'Ispahan, d'épices de souk, de figue séchée. En bouche, nous sommes dans une finesse extrême, entre un vieux Musigny de Vogüé et un  Rayas. De la soie arachnéenne qui vous caresse le palais, ce qui n'exclue pas une certaine puissance et une finale prégnante, épicée. Du bonheur à l'état pur !

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Plateau de fromages de chèvre

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Un super gâteau au chocolat (recette demain) !

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Et un café oriental, plus connu sous l'appellation "à la turque". Mais chez un arménien, ça le fait pas.. Raymond m'a montré la préparation de A à Z. Le truc est de remuer durant tout le temps que le café (ici du Moka) chauffe avec l'eau, créant une sorte d'émulsion. Puis une fois servi, il faut attendre que le café tombe au fond. Et là, merveille ! Ce café ferait presque penser à un cacao bien mousseux. Certainement l'un des meilleurs cafés jamais bus de ma vin ! Par contre, il faut s'arrêter à temps, parce qu'il y a plus à manger qu'à boire.

Raymond nous quitte un peu précipitamment parce qu'il a des rendez-vous qui l'attendent. Je reste avec Catherine qui me donne la recette de son gâteau au chocolat. Il y a un choix magnifique d'alcools qui me tendent leurs petits bras musclés, mais je résiste, je résiste... Vade retro ! C'est donc avec une bouteille d'eau gazeuse locale que je repars, mais aussi une praluline, la fameuse  brioche aux pralins de la maison Pralus que je n'avais pu acheter tout à l'heure. Je la mangerai le soir-même avec mes hôtes d 'un jour. 

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Merci à Catherine et Raymond pour leur accueil !

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