Bruxelles persiste et saigne

Publié le 27 mars 2010 par Forrestgump54
Les chefs d’État et de gouvernement de la zone euro ont esquissé jeudi soir leur plan pour la Grèce. Ils s’en remettent aux marchés pour financer la dette d’Athènes. Décryptage.

Au sortir du Conseil européen, la Grèce reste dans la position de Prométhée. Enchaîné sur le mont Caucase, un aigle venait chaque jour lui manger le foie qui repoussait indéfiniment. Les 16 membres de la zone euro ont décidé jeudi soir de laisser Athènes en proie aux vautours de la finance. L’accord se félicite des mesures d’austérité grecques. Il s’en remet au marché pour financer la dette d’Athènes mais prévoit un « mécanisme » si le « financement de marché est insuffisant ». Les Vingt-Sept se saisissent de l’occasion pour transformer le Conseil européen en gouvernement économique, en fait en gendarme financier.

Nous reproduisons certains extraits de la déclaration des chefs d’État et de gouvernement de la zone euro et les commentons.

« Nous soutenons pleinement les efforts du gouvernement grec et saluons les mesures additionnelles annoncées le 3 mars, qui permettront d’atteindre les objectifs budgétaires pour 2010. Nous reconnaissons que les autorités grecques ont pris des actions ambitieuses et résolues, qui devraient permettre à la Grèce de retrouver la pleine confiance des marchés. Les mesures de redressement prises par la Grèce constituent une contribution importante au renforcement de la soutenabilité budgétaire et de la confiance des marchés. Le gouvernement grec n’a demandé aucune aide financière. Par conséquent, aujourd’hui, aucune décision n’a été prise pour activer le mécanisme décrit ci-dessous. » Notre commentaire. Les États de la zone euro félicitent la Grèce pour son plan d’austérité. Et Nicolas Sarkozy voit dans ce sommet une étape. Le plan approuvé jeudi « doit assurer à la Grèce de pouvoir mettre en œuvre ses réformes »… Lors du Conseil européen exceptionnel du 11 février, les Vingt-Sept avaient appelé la Grèce à mettre en œuvre des « mesures additionnelles » pour se conformer aux règles du pacte de stabilité. Traduisez : « plus de rigueur ». Les déclarations des sommets de février et de mars réaffirment la primauté du financement de la dette publique par les marchés financiers.

C’est que les États se refusent à prêter main-forte aux Grecs pour financer leur dette. Athènes n’a pourtant besoin que de 16 milliards d’euros au mois de mai. Une goutte d’eau comparée aux centaines de milliards mobilisés pour sauver les banques l’an dernier. Athènes se voit ainsi condamnée à emprunter au taux usurier de 6,30 % soit 3,14 points de plus que l’Allemagne. « Ce mécanisme, complétant un financement du Fonds monétaire international, doit être considéré comme un dernier recours, ce qui signifie en particulier que le financement de marché est insuffisant. Les déboursements des prêts bilatéraux seraient décidés par les États membres de la zone euro à l’unanimité et soumis à de fortes conditionnalités, sur la base d’une évaluation menée par la Commission européenne et la BCE. [
européenne">Banque centrale européenne — NDLR] Nous nous attendons à ce que les États membres participent au prorata de leur part au capital de la BCE. »

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