Les syndicats médicaux répondent présent suite aux propos de Nicolas Sarkozy sur la nécessité de revoir les modalités d´exercice de la médecine de proximité mais indiquent clairement qu´ils veulent rapidement du concret.
Décidés à unir leurs forces, la Csmf et le SML ont créé un groupe de réflexion commun sur l´avenir de la médecine libérale. Composé de 16 membres qui se réuniront tous les 15 jours, ce groupe « devra produire un ensemble de propositions concrètes, applicables immédiatement et destinées à construire un avenir durable à la profession ».
« Les médecins connaissent trop les promesses sans suite et les signatures sans effet », résume le Dr Michel Chassang, président de la Csmf. Ce dernier invite donc le président de la République à faire sans tarder « un premier geste en direction des médecins libéraux » : faire appliquer les accords conventionnels signés, en particulier la revalorisation de la consultation.
Même logique du côté du SML : la concertation souhaitée par le président trouvera au sein du SML « un écho constructif de propositions novatrices et responsables », commente le Dr Jeambrun, mais le syndicat « jugera très vite de la réelle détermination du pouvoir à reconsidérer les médecins libéraux, par la réponse que la tutelle donnera dans les prochains jours qui viennent à sa revendication ».
Le petit monde de la biologie devrait peut etre en prendre de la graine afin de faire le point, 3 mois après la parution de l’Ordonnance, sur le devenir de la spécialité et redéfinir des objectifs communs.
Jeunes ou futurs praticiens, nous nous interrogeons sur le SENS et les CONSEQUENCES de ces mesures dictées au Ministère de la santé par la Haute Autorité de Concurrence:
- l’entrée des cliniques dans le capital des laboratoires,
- l’entrée potentielle des organismes assurantiels et des mutuelles, déjà en train de se positionner avant même d’avoir obtenu le feu vert
- la constitution de réseaux fermés prescripteurs /fournisseurs / investisseurs
- la clause d’inaliénabilité des actions disparue, seule garante d’une stabilité de l’investissement dans ce secteur sanitaire à fort potientiel d’explosion de bulle spéculative…
En contrepartie d’une « médicalisation » de la discipline ne nous offrant même pas la certitude d’être exclue de la directive service de la CE.
Car ne nous trompons pas, même si la CJCE déclare que la France peut conserver les restrictions liées à la détention du capital des LABM, sa financiarisation croissante (+40% en 3 ans) la fait rentrer dans les clous de l’Europe, une voie décidée depuis le rapport de l’IGAS, validé à posteriori par la Haute Autorité de Concurrence, en dehors de l’espace de travail ouvert aux professionnels. Le Ministère déclare avoir défendu nos convictions jusqu’au bout. Mais sans succès.
Qui mène la danse alors? Citoyens et professionnels, nous sommes quand même en droit de nous poser la question!
L’Europe ? la santé n’est elle pas en dehors du champ de ses compétences selon le principe de subsidiarité laissé aux Etats membres?
La Haute Autorité de Concurrence ? la santé doit elle être librement concurrentielle, est ce un marché à vocation lucrative?
Ou l’Etat français?…
Nous estimons que dans sa version actuelle, l’Ordonnance ne préserve pas l’intérêt des patients français et et est extrêmement pénalisante pour ses jeunes professionnels. En 4 ans, soit la durée de notre internat dans cette spécialité, nous sommes passés d’un exercice libéral et indépendant à un modèle salarié (+ bonus à l’activité si les résultats du groupe sont bons) dans des entreprises cotées en bourse.
Nous estimons que cette Ordonnance ouvre la voie à l’industrialisation et à la financiarisation de la biologie médicale, projet initial du gouvernement, dont la stratégie a été inchangée après le rejet du parlement de l’ouverture du capital.
Certains reprochent aux jeunes biologistes de craindre pour leur rémunération. A aucun moment, ces personnes se sont demandées s’il était plus juste de rémunérer le travail, les responsabilités et les compétences plutot que le capital investi? Un sujet décrété tabou mais qui ne l’est pourtant pas pour Labco et consors.
Certes, les biologistes ont le choix : celui de la restructuration entre professionnels. Nul n’est en effet obligé de vendre aux affairistes ! Sauf que la moyenne d’âge (55 ans) est largement en la faveur de la revente de sa structure pour cause de départ en retraite et de mutation annoncée, pour laquelle se lancer à 5 ans de la retraite peut paraitre irraisonnable. Ne compte donc -pour ces biologistes sur le départ- ni la perspective d’exercice sous la coupe d’actionnaires mais bien que le prix de revente. Et est ce que transmettre son outil de travail à son jeune directeur adjoint prévaut sur la perspective de revendre à 2 fois le CA? Sur le plan moral ou idéologique assurément. Mais c’est oublier que notre société individualiste valorise bien plus empocher un chèque de plusieurs millions d’euros plutot que de se souvenir de la place laissée 30 ans plus tot par un ancien confrère.
Les autres en profitent bien, pourquoi pas moi?
Et nous à leur place, on ferait quoi?…
C’est ici que l’éthique et la déontologie retrouvent toute leur place, des valeurs qui étaient présentes bien avant nous mais qui sont aujourd’hui menacée de disparaitre purement et simplement pour laisser place à l’emprise d’un gigantesque marché globalisé des services à la personne.
L’avenir des jeunes biologistes se résume donc à assister impuissants à la restructuration du secteu, au déchirement des syndicats représentatifs de la profession et à la toute puissance des autorités nationales et européennes.
Une belle leçon de vie.
Alors unis ou divisés ? Résignés ou combatifs ?
Quelle est la stratégie gagnante à votre avis ?