Visite à La Tour Figeac (11)

Par Daniel Sériot

Notre visite ( et la dégustation que nous offre Otto Rettenmaier) touche à sa fin. L’on sait que le domaine est en biodynamie depuis 1997. Le millésime 1998 est donc bien celui qui marque un tournant à La Tour Figeac. Pour autant, loin de tout intégrisme ou de toute vision philosophique éthérée, loin du sens pratique, c’est sous le pilotage attentif et conjoint de Christine et de Stéphane Derenoncourt que la conduite à la vigne et au chai est menée. Les vins bénéficient donc des meilleures expressions de l’élevage et s’il est de la torréfaction et des épices qui constamment se retrouvent dans tous les millésimes dégustés, le 1998 en offre les expressions les plus quintessencielles en terme de pureté et de complexité, si tant est que ces sensations pour le moins antithétiques puissent trouver une traduction exacte et précise à travers les descriptifs. L’équilibre des vins, infailliblement naturel, doté des plus francs appuis des composantes des acidités, grâce à des maturations justes et précises, est incontestablement aussi celui de la conjugaison parfaite des fruits altiers, frais et imposants et des fruits mûrs, confits et séchés… comme poudrés. Des vins par conséquent qui gagnent en jeunesse et en expressivité ce que les ans apportent en béatitude et en fondant…

La Tour Figeac 2000

Très agréables senteurs d’airelles, de notes de sous-bois diverses, de vieille armoire, de cuir (léger) et de tabac…

La bouche est d’une belle construction, l’acidité plutôt suggestive titille une cerise, des fruits rouges, des épices (baie de Setchuan)… pour progressivement confondre la fraîcheur des fruits avec des impressions kirschées dans une finale devenue à la fois puissante, fraîche et démonstratrice.

La Tour Figeac 1998

L’olfaction capiteuse, dense prouve assez une bouche replète et rondouillarde de fruits confiturés. Elle décèle des notes de truffe jusqu’à ce que le fruit frais s’emmêle pour le meilleur et pour le pire du plus beau des mariages de l’élevage (notes grillées) et du tertiaire (cuir et saveurs kirschées).

La bouche confirme et joue decette réelle complexité ; dentelle d’arômes dans les entrelacs desquels se fond la truffe.

Les saveurs sont éminemment ceux de la fleur séchée, de l’encens, du pot-pourri, puis progressivement de la framboise et de la cerise. Un peu d’exotisme… il est des airelles et de la cranberry. Les tannins sont élégants, d’une grande finesse et laissent se suspendre dans leur trame le beau travail ciselé d’épices orientales, comme le curry et la muscade. La finale est allongée, très soutenue, sialogène, à la palette aromatique flamboyante.

Isabelle