Magazine Culture
Fortuite ou pas, la présence de Virginie Ledoyen au casting de Tout ce qui brille, rappelle qu’il y a dix ans les Héroïnes adolescentes de Krawczyk, voulaient elles aussi sortir de leur campagne et s’extraire de la vie plate et toute tracée qu’on leur proposait. En 2010, rien n’a changé, Jeanne et Johanna étant devenues Ely et Lila, l’Aveyron la cité de Puteaux, Paname demeurant, avec ses paillettes aguicheuses et ses promesses de reconnaissance sociale, la lumière au fond du tunnel. Avec un sens aiguisé de la réplique qui tue et une flopée de seconds rôles très soignés (Carole en tête !), le duo Nakache/Bekhti fait des étincelles, leur alchimie à l’écran étant totale, dans un film plein de fraîcheur et de peps. Hervé Mimran et Géraldine Nakache (qui endosse ici plusieurs casquettes: chanteuse, actrice, réalisatrice, scénariste !) livrent alors une bluette ado qui atteint des sommets côté quota sympathie, puisant dans une vision moderne de l’adolescence féminine (et sans cantonner la banlieue à son image sombre habituelle) matière à disserter sur les maux du siècle: l’apparence, le bling bling, le paraître avant l’être, le j’ai avant je suis. Le message est donc simple (simpliste ? simplifié ?): tout ce qui brille … n’est pas or. A part un humour bien dosé et de légères nuances de morosité bienvenues, le film n’offre hélas pas grand-chose d’autre, trouvant ses propres limites dans une absence de profondeur assez gênante- autant sur le fond (trop lisse, trop gentillet) que sur la forme (même remarque)- et une étrange impossibilité à passer du drame au comique en un claquement de doigt. Pour un film qui évoque l’abandon cruel de l’innocence, des beaux rêves de princesses et qui confronte les deux jeunes filles à la vacuité de leurs baguenauderies, c’est un peu dommage.