La crise du mouvement ouvrier et populaire est la crise de sa direction
Il devient évident aux yeux de tous que l'action des représentants du "Front de gauche" qui a consisté à tenter d'éliminer du paysage politique "Colère
et Espoir" en Picardie et son chef de file Maxime Gremetz a été un échec. "Colère et Espoir" est la première force politique à gauche du PS et a les moyens de s'ancrer désormais
dans la durée avec une dynamique militante renforcée dans les trois départements. Cependant le résultat du sale boulot des dirigeants opportunistes et électoralistes du "Front de
gauche", c'est qu'il n'y a aucun élu communiste au Conseil régional alors que la force communiste représente en Picardie près de 12%.
Certains parmi eux qui ont participé à cette campagne odieuse contre "Colère et Espoir" veulent aujourd'hui se racheter une conduite en clamant de belles
phrases révolutionnaires de refus d'accompagnement du capitalisme et n'ont pas de mots assez durs contre le PS qu'ils ménageaient auparavant dans la perspective d'avoir une place au
chaud. Les mêmes qui hier ont désigné Maxime Gremetz comme l'homme à abattre, et "Colère et Espoir" comme une entreprise de division, se présentent comme résolument anti-capitalistes
et reprochent au PS de ne les avoir pas pris sur leur liste ! Mais ce sont de bien piètres révolutionnaires, on les avait avertis pourtant, on les avaient alertés que les manœuvres politiciennes
ca ne mènerait qu'au pire. Ils n'ont rien voulu écouté car sur le fond ce qui les préoccupent c'est leur place dans l'appareil du parti ou leur place d'élu. Habitués pour certains à des
années de vie tranquille à l'abri du besoin, ils sont devenus des rouages du système : ils ne contestent que lorsque leur privilège n'est pas mis en cause mais ils se
défilent dès qu'il faut risquer sa place quitte à taper sur leurs anciens camarades. On a connu cela dans les pays de l'est, combien de communistes sincères et honnêtes qui furent cadres du
parti furent broyés par de savants dirigeants parce qu'ils avaient décidé courageusement de ne pas suivre la ligne officielle et les simulacres de démocratie ?
"Oh tu peux dénoncer le capitalisme à pleins poumons brandir le drapeau rouge, si tu a commis consciemment une seule injustice contre ton peuple, ou contre tes
propres camarades, tu es déjà dans le camp des autres, pire même car tu renies les valeurs de ta classe ! Alors ne fais pas de leçon à ceux qui ont trahi la gauche, tu les as rejoints
toi-même par tes actes" voilà ce que l'on pourrait dire à ces dirigeants qui bientôt ne dirigeront plus grand chose car à ce rythme ils auront liquidé ce qu'il reste du PC et verront
s'écrouler leur pouvoir à la direction des villes comme cela s'est déjà passé dans de nombreuses communes de la couronne parisienne .
La colère monte, contre le capitalisme mais aussi contre ces apparatchiks qui depuis des années ont broyé le grand parti communiste que nous avions au
temps des cellules d'entreprises et des écoles de formation marxiste. Il ne sert à rien d'accuser le capitalisme de la baisse d'influence et de l'état de délabrement de notre organisation
révolutionnaire, l'affaiblissement de la recherche théorique, l'idéalisme à l'égard des dirigeants, le manque de recul critique sur leur action ont freiné la démocratie dans le parti et ont
conduit à la succession de stratégies suicidaires toutes liées à l'idée que des alliances électorales à gauche changeraient la vie.
Avec le "Front de gauche " on nous fait un remake, c'est tellement vrai que la recette ne prend pas et de moins en moins car les gens ne sont pas dupes. Le travail
communiste consiste au contraire à analyser la réalité du capitalisme et d'arrêter de raconter des histoires aux gens. Ce n'est pas une alliance électorale qu'elle qu'elle soit qui changera quoi
que ce soit si elle n'est pas le résultat de la lutte de classe, en prise avec des décisions populaires, émanant d'un mouvement social et politique de grande ampleur. La lutte transformatrice
passe par des mouvements de masse qu'il faut préparer chaque jour. Ces mouvements populaires ne pourront exister que si on les alimente avec la théorie en prise avec le réel, avec des
objectifs politiques précis, discutés , réfléchis, avec les gens. Des objectifs clairement affichés de conquête du pouvoir pour en finir avec la dictature du capital, pour que ce soit la
grande masse exploitée des citoyens qui décide des orientations du pays et non plus le grand patronat . En travaillant à ce que les citoyens des quartiers et les salariés des
entreprises expriment leurs besoins au grand jour et exigent les moyens de les satisfaire. Il faut parler clair aux gens : nous refusons que notre pays soit à vendre, et nous-mêmes nous ne sommes
pas à vendre, c'est la dictature de l'argent que nous devons abattre et donc combattre sans pitié l'idéologie perverse des primes de licenciements, ou encore du
"travailler plus pour gagner plus !"
Mais les apparatchiks attendent que d'autres pensent pour eux ou prêteront leur concours à la préparation du congrès en se gardant bien d'être trop audacieux
car cela pourrait leur coûter leur place. Seuls les hommes libres n'ont pas peur d'exprimer leur pensée au risque même de se tromper. Les apparatchiks, eux, ne se trompent jamais !
Jean-Paul Legrand