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Daniel Cohn-Bendit pourra-t-il rester encore longtemps à l'écart de la ptrésidentielle 2012 ?
Le scrutin du 7 juin 2009 a fait renaître un phénomène Cohn-Bendit.
La naissance de ce phénomène apprend beaucoup sur l'actuel état de l'opinion.
Son score est le résultat de trois facteurs durables :
- le refus de l'autodestruction,
- l'affirmation du refus du conformisme,
- le zapping électoral.
Face à une opinion en besoin de sécurisation et avec l'impact considérable du documentaire "Home", le vote écologiste du 7 juin 2009 a d'abord été le refus de l'autodestruction.
La "misère écologique" dénoncée par Cohn-Bendit, c'est la dénonciation de l'échec de l'être humain dans la réalisation de ses trois aspirations vitales : être, se réaliser, fraterniser.
L'état de la planète menacée est la démonstration caricaturale de cet échec. Il n'est pas l'échec unique, loin s'en faut.
Face à ce premier constat, Daniel Cohn-Bendit apporte son pouvoir personnel d'évocation en actualisant l'esprit de mai 68 qui demeure son socle.
Au-delà des clichés, l'esprit de Mai 1968, c'est d'abord l'aspiration à la liberté.
Cette aspiration a d'ailleurs largement dépassé le territoire Français comme le seul rapport politique de forces.
Elle a contaminé la Tchécoslovaquie, les Noirs aux Etats-Unis, la Pologne, Berlin …
Elle a concerné certes un nouveau rapport de pouvoir mais aussi et bien au-delà dans les relations familiales, sexuelles, culturelles...
Par cette force, Mai 68 est une indiscutable référence. Une référence pour ceux qui veulent célébrer cette avancée comme pour ceux qui veulent liquider cette période.
C'est le repère historique d'un temps nouveau : celui de l'affirmation.C'est la naissance de la société moderne.
Une société qui ne peut plus vivre l'autorité avec le simple recours de la contrainte par la force. C'est pourquoi, le slogan qui a probablement le plus marqué les esprits est celui "il est interdit d'interdire".
Ce slogan est probablement la meilleure synthèse de l'esprit initial de Mai 68. C'est justement par rapport à ce slogan que l'on peut apprécier la réalité du bilan de l'esprit de Mai 68.
L'esprit de mai 68, c'est d'abord le refus du conformisme.
La véritable réussite de la communication de Daniel Cohn-Bendit lors des Européennes a consisté à incarner une version moderne de ce refus du conformisme.
Il est celui qui a cassé tous les codes pendant la campagne : du code vestimentaire au code d'expression en passant par la logique différente de son positionnement personnel. Il y avait le conformisme de tous les autres et sa liberté rebelle.
La troisième tendance durable exprimée par ce "vote phénomène" c'est la reconnaissance qu'il ne faut plus dire à l'opinion pour qui voter mais pour quoi voter.
La "campagne enjeu", c'est la détermination du referendum qui structure le choix de l'élection. Lors du scrutin Européen, les électeurs flottants ont voté pour un nouveau progrès.
C'est la réaction contre les désastres qui s'annoncent.
Dans ce domaine, l'offre de Cohn-Bendit est intéressante parce qu'elle ne semble pas illusoire. C'est une rupture mais plus une révolution.
Il expose un ensemble de mesures pratiques et non pas une nouvelle idéologie. Ce dernier volet est d'ailleurs à terme le probable défi majeur pour les écologistes que de ne pas retomber dans l'approche idéologique qui inquiète.
Chacun perçoit qu'il importe d'évoluer vers de nouveaux équilibres. Ce ne sont pas des bouleversements brutaux qui feront naître ces nouveaux équilibres. Ce sont des mesures concrètes, identifiées, réalistes. Sous cet angle, Cohn-Bendit semble avoir tiré le meilleur de l'esprit de 68 et abandonné les illusions d'antan.
Ce fut encore le cas hier lors de sa discussion télévisée avec Ségolène Royal : du concret.
Son succès ne semble pas lui permettre de rester à l'écart de la présidentielle 2012. Quand les sondages établiront la différence de scores entre lui et les autres candidats écolos, la pression deviendra très forte.
S'il répond positivement à cette pression, le vote protestataire pourrait atteindre un niveau très élevé. De là à évoquer un nouveau 21 avril à rebours, il n'y a qu'un pas mais il concernerait cette fois le PS et Europe Ecologie.