Comme toujours à la Pinacothèque de Paris, l'exposition nous fait découvrir un peintre relativement peu connu et dans ce cas, toujours pour la même oeuvre, "Le cri".
En filigrane, on devine l'enfant orphelin de mère, élevé entre sa tante et un père profondément religieux, fasciné par les femmes avec lesquelles il entretient des liaisons orageuses, considérant qu'il ne peut se permettre de transmettre les malédictions qui le poursuivent (l'alcoolisme, peut-être ?). Ses tableaux les plus marquants : l'enfant malade - un merveilleux portrait à la sanguine de sa soeur Sophie, morte de la tuberculose comme la mère de l'artiste - la solitude, le vampire (la femme), la mort, la douleur, les pleurs....
Des oeuvres de commande superbes : portraits d'hommes importants et de leurs épouses, de mécènes bienvenus. Le dessin est parfois d'une extraordinaire précision, comme le portrait de l'ophtalmologiste Max Linde, du dramaturge August von Strindberg (ici à droite). Chercheur infatigable, il explore toutes les voies de son temps : photographie, cinéma expérimental, collage, grattage, mais surtout la gravure et la lithographie, parfois rehaussée de gouache peinte à la main. On retrouve là les influences de l'estampe japonaise... L'impression qui se dégage de cette belle et riche exposition (dont la majorité des oeuvres exposées proviennent de prêts de collectionneurs privés, donc non visibles en temps ordinaire), est la fantastique unité de l'art en Europe au XXème siècle. Voyageant entre Oslo, Berlin, Paris, les différentes écoles artistiques s'interpénètrent. Art Nouveau, Jugendstyl, Sécession berlinoise....A voir les vues d'Oslo à l'entre-deux-guerres, on ne peut déterminer s'il s'agit de Londres, Berlin ou Paris. Une unité brisée par la seconde guerre mondiale. Une filiation évidente entre tous les artistes de ce temps.Données biographiques : (1863-1944) Edvard Munch naît le 12 décembre à Loien, au nord d'Oslo. Son père, médecin militaire, est issu d'une famille de hauts fonctionnaires, d'intellectuels et d'artistes. 1868 mort de sa mère, Edvard et sa soeur Sophie sont élevés par leur tante. 1880, Munch note dans son journal : «Je suis maintenant décidé à devenir peintre».1881 : Munch entre à l'école royale de dessin et suit les cours du peintre naturaliste Christian Krohg. 1882 : il fréquente l'académie de plein air de Fritz Thaulow, futur ami de Gauguin. En 1885, première visite à Paris. Il peint la jeune fille malade en souvenir de sa soeur Sophie morte de tuberculose et des tableaux naturalistes.En 1889, il subit l'influence des impressionnistes puis celle de Van Gogh, Gauguin et Toulouse-Lautrec. Il peint le printemps. En 1892, Il peint la chambre mortuaire. 1893-1894: il est à Berlin il où il connaît une véritable fièvre créatrice; ses tableaux traduisent ses obsessions : l'amour, la mort et la douleur que l'on retrouve dans son tableau le cri. 1895 : il réalise la synthèse de ses intentions et de ses hantises dans un vaste cycle la frise de la vie qui comprend la voix, cendres, le cri et l'anxiété. 1902 : présentation de la frise de la vie au public.1909 : il entreprend le décor de l'université d'Oslo. En 1916, Munch s’installe en 1916 à Ekely, dans une propriété proche de Skøyen, aux environs de Christiania. 1944 : mort de Munch à Ekely ; il lègue son atelier à la ville d'Oslo.
Exposition place de la Madeleine, jusqu'au 18 juillet, 10€