Savoir d'où on vient

Il y a quelques temps, j'ai eu la chance de participer à un travail de mémoire. Dans mon cadre professionnel.
Il s'agissait, à partir de témoignages, d'écrire l'Histoire de travailleurs sociaux.
En l'occurrence ces femmes qui ont oeuvré dans le domaine de la protection de l'enfance.
J'ai été frappé par ce voyage, car c'en fut un.
Remontant le temps, j'ai mieux compris ma région, la manière dont elle s'est construite. J'ai ressenti le poids des guerres, l'importance des migrations, les difficultés qui en ont découlé, mais aussi (et surtout) l'extraordinaire créativité que cela a pu apporter. La vitalité. Le parfum de la vie qui gagne. La construction. L'aujourd'hui aux petits soins pour demain.
Remontant le temps, j'ai également mieux compris l'intelligence de certains de ces professionnels, le sens indéfectible qu'ils mettaient dans leur mission. Un terme, ici, qui prend tout son sens. Qui fait honneur au mot métier.
Ces gens agissaient. Réfléchissaient aussi. Sublimaient des situations. On sortait de la guerre. L'humanité coulait à flot. On bossait ensemble, dans le respect des spécificités de chacun et non dans de factices concurrences. L'addition mieux que la division. La multiplication au bout du compte.
Chargé de travailler sur les textes, je me sentais fier de participer de cette transmission.
J'ai expérimenté sans le savoir le fameux savoir d'où on vient. C'est une douce sensation. Je me suis heurté dans le même temps au ne pas savoir où l'on va. Avec son cortège de crispations et de portes qui se ferment. C'est une amertume. Chacun s'accordait pourtant sur la nécessité, par ce travail, de fabriquer de la pensée, et d'investir cette pensée. Mais il est des trains qui s'arrêtent et restent à quai. Faute de carburant.