Bonjour chéri,
Aujourd’hui, j’ai eu envie de lancer un cri dans le vide.
Le monde de la troudouction est assez féminin. Il suffit de regarder la composition de notre classe. 11 filles, 3 garçons.
Beaucoup de professeurs femmes, aussi, donc. Et quelques hommes.
Au premier semestre, nous avons eu un exemple de ce qu’il ne faut pas faire quand on devient troudoucteur indépendant. Manger devant son ordinateur, ça met du gras sur les touches, et ça n’est pas bon pour la ligne. Chez ce môssieur, assis, tout allait bien. Mais quand il se lève, mon Dieu, c’est Obélix. Une bouée, invisible sous la table, ceinture sa taille. Nous avons passé un semestre à nous demander comment cette bouée tenait sans tomber. Y a-t-il des bretelles invisibles sous ce petit pull zippé bleu ciel ?
Au second semestre, plus de variété.
Un spécimen typiquement alpin. L’ingénieur (en l’occurrence, devenu troudoucteur). Accessoires : un vélo, une thermos Décathlon, des petites rides sympa au coin des yeux à force d’aller faire du ski de rando le week-end, un vieux pull ressorti en toute circonstance et surtout jamais de cravate. Jamais.
Un petit branleur. Un peu charmeur avec les étudiantes. Aussi sympathique qu’il ne prépare pas ses cours. Et surtout, aussi poilu des mains qu’un australopithèque. Incroyable. Cette observation nous occupe une heure chaque semaine.
Et enfin, pour des cours de remise à niveau en physique et technologie (merci de penser à tous ces lettreux qui ne se rappellent plus comment fonctionne un système électrique de base. L’ont-ils jamais su, d’ailleurs ?). On s’attendait à un vieux chauve avec des lunettes à verres qui foncent, une haleine de chacal et une cravate en laine à bout carré. Mais non, le nouveau technologue est jeune. Une pub Marlboro. Des chemises à coton épais rouges ou beiges. Un jeans Marlboro, justement (oui, j’ai vérifié). Et, comme je l’aurais parié, et comme je l’ai vérifié en me penchant sous la table, des Timberland aux pieds. Tellement prévisible. Le coco a une fâcheuse tendance à dire tout le temps : « en avant ». Ce à quoi nous ne manquons jamais de rajouter « Guimgamp », car le troudoucteur a aussi une solide culture footballistique.
4 spécimens étudiés sous tous les angles, donc, mais rien de bien fantastique à se mettre sous la dent. Face à ce désert, je vais aller me consoler avec des hommes, des vrais. Des patineurs.
Il y a un petit américain de 20 ans, là, sous mes yeux, qui fait des choses formidables avec ses jambes.