-
(Source : AFP et « Demain c’est bien aussi« )
Devoir à rendre, rapport à boucler, facture à payer… et si jeudi vous décidiez de tout remettre au lendemain, pour participer à la « première journée mondiale de la procrastination » lancée par une jeune maison d’édition.
La procrastination consiste simplement à remettre au lendemain ce qui peut être fait aujourd’hui. Un comportement séduisant à bien des égards, mais qui peut être pathologique, se révèle souvent difficilement supportable pour l’entourage et a parfois de lourdes conséquences matérielles.
Signer le bulletin de notes du petit dernier ? Demain. Remplir la déclaration d’impôt ? Ce week-end. Prendre rendez-vous chez le dentiste ? La semaine prochaine. Réviser pour le bac ? Pendant les vacances. Aller voir sa vieille mère ? Plus tard, comme l’écrivain François Weyergans, lui aussi sujet à la procrastination, l’a mis en scène dans « Trois jours chez ma mère »…
« La procrastination c’est une défense immunitaire face à une société extrêmement rude, un moyen positif de se défendre des assauts du monde contemporain », assure David d’Equainville, fondateur des éditions Anabet. Il a lancé un site internet dédié à cette pratique (www.demaincestbienaussi.com) et édite en France un livre consacré à ce sujet de société, « Demain c?est bien aussi ».
La journée du 25 mars est « tout sauf un mot d’ordre », explique-t-il. C’est l’occasion « d’appuyer sur la touche pause, un temps de mise à distance, de réflexion ».
Quant au livre, il « aborde la procrastination d’un point de vue positif », indique-t-il. Traduit de l’allemand -30.000 exemplaires ont été vendus en Allemagne-, il « nous montre comment adapter le monde extérieur à nos capacités d?organisation limitées ».
Kathrin Passig et Sascha Lobo, « tous deux ceinture noire en procrastination », analysent le phénomène, décortiquent son fonctionnement, mais donnent aussi nombre de conseils pour procrastiner sereinement.
Ils listent ainsi « 10 choses que l’on peut laisser tomber sans mauvaise conscience », comme « contracter des assurances superflues », « ranger ses dossiers dans son ordinateur » ou « essuyer la vaisselle : cela se fera tout seul tôt ou tard ».
Ils présentent « un guide des bonnes manières » à l’usage des procrastinateurs ou LOBO (initiales de Lifestyle Of Bad Organisation), pour ménager leur entourage non LOBO : « ne pas promettre », « annuler à temps », « exiger des échéances »…
« A ce jour, les chercheurs ne sont pas tombés d’accord sur les origines de la procrastination », écrivent-ils, passant en revue les différentes hypothèses: « la procrastination est une mauvaise habitude », « celui qui procrastine a peur de l’échec », « les procrastinateurs sont perfectionnistes », etc.
En tout cas les procrastinateurs sont nombreux. Selon Passig et Lobo, « les activités de procrastination occupent environ un tiers du temps de veille quotidien d’un étudiant ». Et 20 à 30% de la population globale est considérée comme « lourdement procrastinatrice ».
(« Demain, c’est bien aussi. Ou comment régler ses affaires sans aucune discipline personnelle », par Kathrin Passig et Sascha Lobo, Anabet éditions, 320 pages, 19 euros, parution le 23 avril).
-