Hot Chip, Paris, lundi 8 mars au Bataclan
Un hiver qui n’en finit pas. Le moral dans les chaussettes. Il n’en fallait pas plus pour se précipiter au Bataclan lundi dernier, voir ou revoir le groupe le plus emballant des dance floors : HOT CHIP ! Certes nous sommes lundi soir et le public parisien peut se révéler versatile. Certes One Life Stand, le dernier opus des anti-stars menés par Alexis Taylor, surprend quelque peut “le fan” par des choix parfois… hum… limites. Certes. Mais nous ne sommes pas à une contradiction près, et l’envie de se faire plaisir sans se poser de question s’impose comme une évidence en ces temps frileux. Or c’est exactement ce qui va se passer ce soir.
Exit Pantha Du Prince, annulé à la dernière minute. La salle se réchauffe sans se faire prier, l’excitation monte, les verres se vident. La scène déborde d’instruments, guitares, claviers, boites à rythmes comme autant d’outils pour installer le son synthé/pop d’Hot Chip. Le décor apparaît à l’image de la pochette, nous sommes donc dans la Grèce Antique…! Soit. Arrivent enfin les cinq fantastiques. Si vous n’avez jamais eu le privilège de contempler les membres du groupe, vous vivez probablement un choc frontal. En effet, le fluet Alexis Taylor fait plus penser au petit frère tendance nerd de votre meilleur pote qu’à sexy/back Justin Timberlake, sans parler de George Goddard (la deuxième moitié créative des chips) qui me fait immanquablement penser à mon oncle Alec très porté sur la charcutaille sous toutes ces formes. Pas exactement ce à quoi on s’attend, plongés tout entier dans les hymnes au déhanchement universel comme le quintette sait en produire par pelletés ! Ce décalage improbable n’est-il pas finalement ce qui nous emballe tant? Comment ne pas être touché par ces types un peu gauches qui se secouent de tout leur être sans aucun complexe (Goddard aux claviers est un spectacle désopilant à lui tout seul) !
Pour ce qui est de l’interprétation de leurs morceaux, on enlèvera immédiatement le terme “gauche” de notre vocabulaire. Car l’assurance des anglais lorsqu’ils envoient Hand Me Down Your Love, et Thieves In The Night n’est plus à démontrer. Dommage que le son du Bataclan soit à la limite du merdique, nos pauvres oreilles ne sont pas ménagées et la qualité du show en pâtit. Il faut faire abstraction.
Les premiers titres comptent parmi les meilleurs de l’album. Mes acolytes de la night fever et moi prions pour que le groupe oublie de jouer I Feel Better et Brother, deux morceaux à la limite de la blague potache, mais nous n’y coupons pas… Un constat s’impose malgré tout : car ce qui sur l’album sonne cheap et pas chip, à quelques encablures du terrrrrible What Is Love de 91, nous fait rire et danser comme des kékés et c’est ça qui est bon. Personne ne boude son plaisir ce soir. L’ambiance fait parfois penser à ces soirées en boite improvisées dans une petite ville de province, c’est inégal mais on s’en fout. Heureusement le niveau remonte avec le titre phare de l’album One Life Stand et avec une flopée de titres tirés des albums précédents : Hold On et Over And Over finissent de mettre le feu a la salle, qui se soulève en rythme, portée par l’énergie dévastatrice du combo anglais. Les visages rougeoient, la sueur éclabousse. La voix d’Alexis Taylor impressionne. Entre castrat et reine disco, la douceur et la mélancolie s’associent dans une célébration puissante de la musique comme arme de danse massive.
Le groupe quitte la scène après un rappel triomphal sur le titre le plus à l’image de l’esprit d’Hot Chip, Ready For The Floor. Bombe indémodable. Le bain de good vibes a fait son effet, le sourire aux lèvres, nous quittons la salle avec une force renouvelée pour affronter le froid et la vie, la vraie.