Un livre pas gai, je vous l’accorde mais qui me tient à cœur…
« En été 1957, après un accident de voiture, je fus, durant trois mois, la proie de douleurs suffisamment désagréables pour que l'on me donnât quotidiennement un succédané de la morphine appelé "875" (palfium). Au bout de ces trois mois, j'étais suffisamment intoxiquée pour qu'un séjour dans une clinique spécialisée s'imposât. Ce fut un séjour rapide, mais au cours duquel j'écrivis ce journal que j'ai retrouvé l'autre jour. »
Dans ce livre, Françoise Sagan parle de sa désintoxication à un antidouleur très puissant. Quand on prononce le mot addiction, on pense à drogue, alcool et cigarettes. Mais, on oublie trop souvent les comprimés qui anesthésient, endorment la douleur. Ceux qui à force deviennent des traites. Elle dite, elle raconte comment le corps réclame son dû. Et je me suis retrouvée en 2004… J’ai été plusieurs mois sous morphine. Les jours qui ont suivi l’arrêt de la morphine ont été durs, terribles.
Tenir, encore, ne pas craquer… ça va passer. Penser à autre chose, ne pas regarder ses mains qui tremblent, oublier sa bouche pâteuse. Essayer de dormir alors que l’on voudrait juste de quoi être apaisé. Douleur, souffrance se mélangent. Et l’état de manque terrible, atroce et le corps qui réclame sa dose chimique. . Des nuits où l’on dort peu d’un sommeil agité. Où l’on se gratte jusqu’au sang et où l’on se réveille trempé de sueur. Sur la journée, on compte les heures : une de passée, c’est une heure de gagnée. Sauf que les minutes semblent éternelles. On pleure, on crie de rage car on voudrait que ça s’arrête…Le manque disparait peu à peu et puis un jour, il n’est plus là. Le sentiment d’avoir gagné une bataille même si l’on se sent encore fragile.
Des textes beaux, durs et où tout est dit, illustrés par des croquis et des dessins poignants.