Après les bébés, voici venir les steaks éprouvettes. C’est ce que l’on peut lire sur Le Figaro.fr lorsque, lassé du manque de diversité des sujets présents à la Une, on visite la rubrique Sciences et Tech.
Entamée depuis une dizaine d’années, la recherche sur la culture de viande in vitro donne pour le moment des résultats “plus proches du carpaccio que du steak”, d’après les dires de Jean-François Hocquette de l’INRA de Clermont-Ferrand. Comprenez que les cultures sont très fines, bien loin du rendement massif qui serait nécessaire pour que ce mode de production de viande puisse se substituer aux élevages en batterie.
Le chercheur souligne en outre que ces cultures nécessitent pour le moment de telles quantités d’hormones, de facteurs de croissance et surtout d’antibiotiques, que le coût de la viande in vitro avoisine celui d’un produit de luxe. Pas idéal quand on sait que les équipes américaines et hollandaises qui explorent cette voie espèrent trouver LA solution pour nourrir l’ensemble des habitants de la planète... Sans polluer comme le font les élevages intensifs montrés dans le premier numéro de Capital Terre, diffusé en prime time sur M6 le 24 mars 2010.
Encore d’après le Figaro.fr, la PETA serait même prête à récompenser d’un million de dollars la première entreprise mettant au point un procédé de production massive de viande in vitro. Tout, plutôt que de continuer à maltraiter les bêtes, telle est leur devise.
Et dans une certaine mesure, je veux bien la faire mienne.
Mais j’avoue que même écolo comme je le suis, si demain on me propose à la carte des restaurants un “tartare d’éprouvette en vinaigrette d’antibiotiques et hormone de croissance”, je ne commanderai ce plat sous aucun prétexte !
Résumons un peu : la population augmente, une proportion croissante de l’humanité souhaite pouvoir déguster régulièrement un steak bien saignant (ou bien cuit, c’est selon). Mais la bouse pollue les sous-sols et à l’échelle mondiale, les prouts de ruminants produisent plus de gaz à effet de serre que le trafic routier. Pour autant, rien à faire, rares sont ceux qui acceptent de mettre les saucisses de tofu au menu des grillades estivales, et tant pis pour dame Nature.
C’est là que des savants que certains qualifieront de fous arrivent avec leurs petites boîtes de Petri et nous annoncent que bientôt, on pourra faire pousser du filet mignon comme des tomates hors-sol.
Mais une question se pose (et s’impose à mon esprit) : déjà qu’on connaît mal les effets à long terme des OGM sur la santé, leur potentiel de “contamination” des souches non modifiées, doit-on prendre le risque supplémentaire de faire manger aux gens des blancs de poulet qui n’auront jamais vu ni un os ni une peau ?
Puisque la pédagogie est dans l’air du temps, avec le programme “Mangez - bougez” du Ministère de la Santé, ne serait-il pas plus sage d’adapter les conseils nutritionnels au double profit de la santé publique et de la préservation du milieu naturel ?
Allez comme ça, juste pour vous amuser, choisissez parmi cette liste d’aliments les sources intéressantes de protéines : steak haché, blanc d’oeuf, chocolat blanc, soja, lentilles, jaune d’oeuf, haricots secs, pain de campagne, pois chiches, patates douces, fromage à pâte dure, banane, courgette.
Bonnes réponses : steak haché, blanc d’oeuf, soja, lentilles, haricots secs, pois chiches, fromage à pâte dure.
J’espère que si vous n’aviez pas tout juste, vous retiendrez cette petite liste.
Dernière remarque, parce qu’un détail me chiffonne. Si je veux être copine avec ma planète, je me mets donc à manger des haricots secs et des pois chiches en alternance avec des protéines animales. OK.
Sauf que ce faisant, c’est moi qui me mets à produire du méthane avec mon tube digestif. Moralité, dans les deux cas ça flatule.
La vraie bonne piste de recherche, ce serait celle qui viserait à récupérer la production de ces usines de méthanisation que nous sommes, nous mangeurs de légumineuses. En plus, ça ferait baisser le taux de chômage et le prix du gaz de ville qui ne cesse d’augmenter.