Pour veiller au respect des droits fondamentaux par ses fournisseurs, le groupe Carrefour s’est tourné en 1997 vers la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH). Cette coopération s’est concrétisée trois ans plus tard par l’adoption d’une « Charte sociale » et l'instauration d’un mécanisme de contrôle des sites de fabrication.
Après une première période jusqu'en 2002 centrée sur les audits sociaux, leur collaboration a ensuite mis l'accent sur le renforcement d’une approche réglementaire concernant la responsabilité sociale des entreprises et la formation, notamment au Bangladesh, de dirigeants et travailleurs aux normes internationales du travail et aux autres droits de l’Homme.
Malgré des avancées, les liens entre les deux partenaires se seraient selon certaines sources relâchés. Nous avons tenté sans succès de joindre les deux principaux promoteurs de ce partenariat. Il peut s’agir d’une rumeur, les partenariats entre ONG et entreprises pouvant connaître des hauts et des bas et supposent des concessions. Le dernier renouvellement du partenariat entre Lafarge et le WWF a pris du temps.
Le dernier livre de William Bourdon, « Face aux crimes du marché », souligne les difficultés de ce genre de collaboration. Il y analyse notamment le partenariat Carrefour/FIDH, où il relève des progrès dans le domaine syndical, avec des nuances, comme selon lui dans l'affaire Spectrum. Il soulève aussi la question des audits, qui doivent selon lui émaner d'une expertise confiée à un tiers extérieur.
La Ligue des Droits de l'Homme a toujours gardé sa liberté de parole, tandis que Carrefour avait renoncé à faire de ce partenariat un axe de communication commerciale. Le 31 octobre 2008, la FIDH avait d'ailleurs adressé une "lettre ouverte" à Carrefour, concernant la condamnation du groupe Carrefour par le tribunal de police de Lyon le 28 octobre 2008 pour « paiement (...) de salaire inférieur au minimum mensuel garanti » dans deux de ses magasins. La FIDH a réussi à tisser des liens avec les instances du personnel du groupe de distribution.
Rappelons par ailleurs que Carrefour a aussi joué un rôle moteur, avec 4 autres entreprises, au sein du GSCP (Global Social Compliance Programme) avec l’Allemand Metro, le Suisse Migros, le Britannique Tesco et Wal-Mart Stores. Ces grands concurrents étaient désireux de travailler avec Carrefour sur les droits humains. Pour ce dernier, il était vital de ne pas ramer seul à contre-courant et d’instaurer des conditions de concurrence identiques et saines dans tout le secteur. Le Programme regroupe aujourd’hui 27 membres. Si la FIDH n’est pas à l’origine de ce programme, elle l’a rejoint dès l’origine en tant que garant de la démarche au sein d’un conseil consultatif.
A titre de comparaison, le partenariat plus récent entre Casino et Amnesty International, qui a avorté l’année dernière, avait accouché d’une souris. Carrefour est également partenaire historique du WWF depuis 1998.