Pourtant, après le System de Linkwood, qui avait placé la barre très haut, In The Red me laisse un peu sur ma faim. 9 titres seulement, dont deux interludes sans grand intérêt, et peu de cohérence dans les enchaînements entre les titres : sans être bâclé, il n’a pas ce petit supplément d’âme qui fait les grands albums. L’entame est parfaite, avec l’over-sexy reprise du "Can We Pretend" de Bill Withers. Du Rhodes en pagaille, un Amp Fiddler suavissime, et une basse moelleuse et puissante. D’emblée ça groove sec, mais en toute légèreté, à la californienne. Impossible d’ailleurs de ne pas faire la connexion avec Roy Ayers. "Put It On Me" et "Sucker For A Pretty Face" seront dans le même esprit, le premier très réussi, l’autre me laissant complètement indifférent, avec ses clins d’oeil à Prince un peu convenus.
On retrouve un Trus’me plus proche de celui qui nous est familier sur la tuerie house "Sweet Mother" et sur "Need A Job" qui, avec son thème de trompette, fait penser à un vieux track soulful de Kerri Chandler – ce qui ne peut être foncièrement mauvais… Au beau milieu de tout ça, la collaboration avec Dâm-Funk fait presque figure d’intruse. Alors que le reste du disque donne dans le soyeux et le propret, cette reprise de "Wheel Me Out" de Was (Not Was) propose une funk grasse et vocodée, dans la droite lignée de Zapp & Roger et de ce qu'a récemment proposé ledit Dâm-Funk sur son premier (et titanesque) album, Toaechizown. Le morceau est certes excellent, mais il renforce encore un peu plus l'impression de fourre-tout que procure ce In The Red un brin décevant.
En bref: il y a évidemment quelques bijoux de house soulful sur ce deuxième album ("Can We Pretend", "Sweet Mother"…), mais on attendait quelque chose de plus réfléchi et de plus cohérent de la part du producteur mancunien, peut-être trop occupé à gérer son label et à parcourir le globe.
Le Myspace de Trus'me et son label
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