Notre constitution est boiteuse. Il ne faut pas chercher plus loin la raison de la maltraitance de ce pauvre Fillon par le président de la République.
Le premier ministre, en principe responsable devant le Parlement et responsable du gouvernement de la France, n'est qu'un pion dont le président dispose. Le Parlement n'a pas l'autonomie nécessaire pour que le pouvoir législatif contrebalance le pouvoir exécutif hypertrophiée.
La dérive vers l'hyper-présidence ne date pas d'aujourd'hui : elle a commencé dès 1962, date de la première élection du président au suffrage universel. Mais Nicolas Sarkozy l'a accentuée de façon insupportable.
Les radicaux de gauche (PRG) militent depuis longtemps pour modifier ainsi la Constitution : on garde l'élection du Président au suffrage universel ( les français adorent cela ), on supprime le poste de premier ministre ( le Président gouverne, c'est la fin de l'hypocrisie constitutionnelle actuelle ) le Président nomme les ministres ( idem : fin de l'hypocrisie qui prétend que le premier ministre nomme ses ministres alors que tout se décide à l'Elysée).
Bref, clairement et sans hypocrisie, on va jusqu'au bout de la logique du régime présidentiel : le président, élu au suffrage universel, est le chef d'un exécutif qui n'est pas responsable devant le Parlement.
MAIS, on fait du Parlement un vrai contre-poids en : découplant l'élection législative de l'élection présidentiellle, en supprimant le droit de dissolution, supprimant le 49-3 et donnant au Parlement l'exclusivité de l'initiative législative. En clair, le Parlement fait les lois, l'exécutif les applique et ne peut pas forcer la main du Parlement.Ainsi, le consensus, le compromis, la négociation entre Parlement et Présidence devient la règle et l'équilibre entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif est respecté. Qui osera le faire ?