Une floraison éphémère ...

De toute la série de vergers peinte par Van Gogh, c'est sans aucun doute la toile "Poirier en fleurs", datant d'avril 1888, qui montre le plus de correspondance avec les estampes japonaises (1).

C'est à Anvers en 1886 que Van Gogh les découvre et qu'il commence lui aussi, comme Monet, à les collectionner et, pour certaines, à les copier. Et en arrivant à Arles, après un séjour parisien, il est impressionné par la luminosité et les couleurs du paysage. Il dit à son ami Émile Bernard : "Comme j'ai promis de t'écrire, je vais commencer par te dire que cette région me paraît aussi belle que le Japon, par la luminosité de l'air et le joyeux effet des couleurs. L'eau forme des taches d'un beau vert émeraude et d'un bleu profond dans le paysage, semblable à celles que nous voyons dans les crépons. Les couchers de soleils sont d'un orangé pâle qui fait paraître le sol tout bleu. Splendide soleil jaune !".

Perspective raccourcie, vue plongeante, composition oblique, cadrage resserré sur le poirier dont le tronc est légèrement décentré, mouvement inclus jusqu'au bout des branches, art du détail (fleurs du poirier, papillon jaune, pour voir en détail cliquez ici), tous ces éléments concourent à faire de ce tableau une magnifique estampe japonaise même si nous sommes à Arles.

Impression délicate, émouvante, douceur de la tonalité des couleurs (surtout ocre et rose), nous sommes plongés dans un instant unique, à la fois intemporel et éphémère ...

(1) Une balade dans les estampes japonaises sur le thème du paysage

(2) A noter l'exposition "The Real Van Gogh. The Artist and His letters", à la Royal Academy, à Londres, jusqu'au 18 avril, qui propose une lecture de ses tableaux à partir de sa correspondance.