La grève des garçons maréchaux de Paris… en 1786

Par Jean-Michel Mathonière

Nous avons déjà évoqué, grâce au très intéressant livret de compagnon maréchal-ferrant présenté par Périgord le Vif Argent, puis aux commentaires qui ont suivi (voir l'article), l'existence du compagnonnage des maréchaux antérieurement à leur date d'entrée dans le Devoir (1789).

Voici un autre document qui montre leur capacité à mener des actions collectives.

Suite:

Cette ordonnance royale du 19 mars 1786 indique que "les Garçons Maréchaux se sont attroupés (…) et ont quitté d'un commun accord les Maîtres chez lesquels ils travaillaient, dans la vue de les forcer d'augmenter le prix de leurs journées." Il leur est donc défendu, ainsi qu'à tous autres compagnons et apprentis, de "s'attrouper, s'assembler ou s'associer sous aucun prétexte, quitter de concert leur travail et cabaler contre les Maîtres" sous peine de prison et de punition corporelle. C'est ce que l'on appellera au XIXe siècle le "délit de coalition" ou grève, qui ne cessera d'être prohibé qu'en 1864.

Ce texte, qui n'émane pas du compagnonnage, semble établir une distinction entre "compagnons" et "garçons", distinction que nous avons souvent rencontrée dans ce type de document réglementaire ou dans les statuts de corporations. Les deux termes semblent équivalents et pourtant ces documents ne semblent pas tout à fait les confondre. Il serait intéressant de savoir ce qui fondait cette distinction, s'il y en avait une.

L'homme pense parce qu'il a une main. Anaxagore (500-428 av. J.-C.)