Il y a dans la politique des aspects convenus. Le discours et les gestes politiques se décodent souvent sur des petits riens. Il y a aussi des évidences, le plomb ne se transforme pas en or.
Après la raclée électorale de la droite, Nicolas Sarkozy devait montrer qu'il avait "entendu le message" (ça aussi c'est un aspect convenu pour tout scrutin). Il le fait en s'adressant à sa droite, remaniement technique du gouvernement pour élargir à droite, annonce de la poursuite des réformes, abandon de la taxe carbone, etc. A gauche, c'est tout aussi convenu, on crie à l'autisme, au naufrage etc.
Pouvait-on imaginer un autre scénario ? Lorsque la gauche avait pris une raclée, le PS aussi s'était retourné vers ses partenaires de gauche en promettant l'union, avait annoncé qu'il renforcerait son programme toujours plus à gauche, plus de social ceci, plus de solidarité cela ; et la droite avait crié à l'autisme, au déni des urnes. Chacun son tour...
Normalement, tout un chacun, observateur avisé, garde une certaine distance avec les jeux de rôles, et mesure le "coup d'après", pas l'immédiateté convenue... Pourtant, curieusement, on lit ça et là des blogs qui ânonnent les éléments de langage comme parole d'évangile. Franchement, qui pouvait croire que Sarkozy écoutant le verdict des urnes, décide d'annuler le bouclier fiscal, double le nombre de fonctionnaires pour résorber le chômage, conclue un traité d'alliance stratégique avec la Corée du Nord, vire Hortefeux pour le remplacer par Mélenchon, nomme Nathalie Arthaud à la tête de la Halde...
Des fois, dans un grand moment de bonté, j'imagine que les gens ne pensent pas ce qu'il écrivent, que c'est juste pour de rire.