Entre les deux tours des régionales, lors d’un meeting à Tulle, le ministre de l’intérieur a déclaré : « Le peuple, quand il s’exprime démocratiquement, a toujours raison ». La veille, il a affirmé, dans un meeting à Nice : « Le peuple, à juste titre, veut que le gouvernement fixe une nouvelle ambition pour la France ». Au soir du second tour, il a exhorté la majorité à « tirer les conséquences d’une élection qui, pour être locale, n’en a pas moins une dimension politique qui n’est pas contestable ».
De son côté, un sénateur UMP a recommandé une équipe gouvernementale « resserrée » et « un coup d’accélérateur aux réformes pour que les […] années restantes soient des années utiles » avant de s’exclamer « La maison brûle mais le président fait comme si de rien n’était ! Il confirme le [premier ministre] et déplace quelques ministres ».
Vous voilà sans doute surpris. Vous avez du mal à reconnaître les propos que vous avez entendus ces derniers jours. Ils ont cependant bel et bien été prononcés à l’occasion d’élections régionales, mais en 2004, où la défaite du parti majoritaire avait pourtant été moins sévère que cette année. Le sagace ministre de l’intérieur qui reconnaissait la dimension nationale de cette élection avait pour nom Nicolas Sarkozy et le brillant sénateur réclamant un nouveau gouvernement s’appelait François Fillon.
Si les Français ont la mémoire courte, leurs dirigeants aussi. Les dieux aveuglent ceux qu’ils veulent perdre. L’ennui, c’est que ceux-ci risquent d’entraîner notre pays dans leur chute.