Bucarest - Isbanbul - Récit

Publié le 24 mars 2010 par Zozo

Enfin ! Le récit du trajet Bucarest - Istanbul en passant par Sofia, à vélo. Cela s'est passé du 27/08 au 14/09/2009, nous étions quatre, et c'était top ! Il est possible que j'ajoute des photos par la suite.

J1 - Bucarest

Départ 6h48 de Gare du Nord après une courte nuit. Direction Beauvais, pas trop de problème pour aller à l'aéroport, juste un petit détour. Dans l'aéroport on crée l'animation : 4 guignols en train de préparer les vélos au milieu du passage ! Efficacité, en 1h tout était prêt. Enregistrement avec paiement des bagages surprise (7euros par bagage + 25 euros par vélo), à payer en cash !! Arrivée à Bucarest, on réceptionne les vélos, ils sont en bon état. On remonte tout mais là, première petite galère : crevaison par pétage de valve ! Après le changement de chambre à air pour mettre en jambe, direction Bucarest centre pour l'AJ. Visite éclair du « centre » car il fait chaud et on est crevés. Mais un constat : beaucoup de chiens errants.

J2 - 97km Bucarest – Giurgiu

Départ de Bucarest. Un petit (long) détour pour chercher une cartouche campingaz nous amène à carrefour où on attend longtemps devant pendant que Olivier et Thomas sont dans le magasin. En attendant, 4 personnes viennent à tour de rôle nous parler. Ils nous demandent d'où on vient, où on va etc. La compréhension du roumain n'est pas évidente mais il y a toujours quelqu'un qui comprend ou parle le Français, assez pour échanger quelques mots. Aucune agressivité en tous cas, juste de la curiosité. Au passage, en disant qu'on va en Bulgarie, un d'eux nous dit de faire attention aux vols. Mythe ou réalité ? On verra bien. On trouve finalement la cartouche à un magasin plus loin. Il est midi et on a 80 km à faire. Sortie de Bucarest horrible, grande route et circulation dense pendant 40 km. On déjeune à 15h passée, pain charcuterie fromage, assez vite car il reste du chemin. Il fait chaud. La suite de la route est assez monotone et avec le vent de face sur la fin. Arrivée à Giurgiu à 19h pour un hotel routier. Journée assez chiante au final, pas de beau truc, pas d'emmerdes.

J3 – 72 km Giurgiu – Bulgarie

Depart de Giurgiu après une bonne nuit. Ah oui, j'allais oublier : petit déjeuner inclus et ... charcuterie, omelette, fromage ! Il va falloir s'y habituer ! Départ à 10h30 après un peu de mécanique. On prend la route qui remonte le Danube, et là on voit la Roumanie telle que je l'avais déjà vue : des petits villages où les gens ont des carrioles, sur le bord des routes des briques en préparation sèchent, de la vie très rurale et pauvre. On est sur un itinéraire cyclotouristique connu, on croisera 3 groupes de cyclo sur la journée. Les gens répondent quasi tous à mes signes de tête ou mes coucous de la main. Les enfants nous disent tous bizarrement « hola » ou « habla Espanol ». On remarque que l'itinéraire est fréquenté tout de même, mais pas suffisamment pour lasser les locaux. Avant notre pause déjeuner, on achète avec nos 2 lei restants une grosse pastèque à un « marchand » sur le bord de la route, pastèque bien rafraîchissante étant donné la chaleur. Pause déjeuner sous la chaleur accablante à l'ombre d'un des seuls arbres du bord de route, dans un champ labouré. Une remarque : il y a finalement peu de chiens errants et les seuls abandonnent la course (s'ils la commencent) au bout de 5m. C'était ma principale crainte, mais finalement rien. Il fait certainement trop chaud. Arrivée à Zimnicea à 16h30 pour prendre le bac de 17h. Ah oui, chose importante, on s'est bien éclatés à suivre des tracteurs en prenant l'aspiration ! Au poste frontière, on n'a plus d'eau et le douanier roumain nous amène une bouteille d'eau gazeuse, fraîche, d'1,5L ! Voilà qui me réconcilie avec la police locale ! Le bac de 17h part à 17h30 finalement pour accoster sur la berge bulgare. Et vive l'alphabet cyrillique ! Changement culturel évident mais j'attends d'y passer quelques jours pour confirmer. En tous cas, la ville paraît riche comparée au côté roumain. On s'arrête là, il est trop tard pour faire les 45 km qui nous séparent de la prochaine grosse ville. Il faut dire que les 56 km jusqu'à Zimnicea se sont transformés en 70, et on n'avance pas très vite. Objectif manqué pour aujourd'hui, j'espère que la forme physique du groupe ira mieux, sinon les étapes de montagne vont être très dures.

J4 – 80km Svishtov – Veliko Tarnova

La soirée de la veille s'est très bien passée et à 4 on mangé au restaurant pour ... 25 euros ! Ma première impression concernant la culture se confirme. On voit déjà qu'on n'est plus dans un pays latin. A l'auberge, une anecdote assez drôle, une des premières choses que notre hôte nous a dite était « ne pas poser les affaires sales sur les lits, ne pas brancher trop de choses sur les prises, ne pas ouvrir les fenêtres etc ». Les gens nous font très peu de signes lorsqu'on passe dans les rues et ils ont tendance à nous ignorer. Revenons à notre J4. Départ après un petit déjeuner céréales – yaourt bulgare. En partant, quelques nuages dans le ciel vont laisser place à un grand soleil et une chaleur étouffante. Toute la journée, la route monte, descend, cela change complètement de la plaine du sud de Bucarest. Les villages sont tout aussi pittoresques qu'en Roumanie, les bonnes routes en plus ! Très surprenant, les routes, même sur le réseau secondaire, sont en relativement bon état (OK, quelques trous, mais rien à voir avec la Roumanie). Par contre il va falloir progresser assez vite en cyrillique, les panneaux ne se laissent pas déchiffrer facilement ! Après une bonne journée, arrivée à V. Tarnovo par la grande route, pas très sympa. Une fois à l'entrée de la ville, on cherche un hôtel. Là, un gars s'arrête et nous dit qu'il a des chambres, 15 lev / personne (7,5 euros!). On se regarde, on se demande s'il faut faire confiance à un pékin qui s'arrête comme ça. On tente le choc, il nous dit de le suivre. Cela s'avère être un excellent choix, on a une superbe vue et tout le confort souhaité, comme quoi, notre réflexe d'Ouest-Européen nous fait voir la mal là où il n'est pas !

J5 – V. Tarnovo – Mezdra

Dans le train. Soirée comme d'hab dans un petit resto, bouffe sympa et pas chère. Le matin visite de la ville après prise de renseignement auprès de la sncf locale pour prendre le train, après avoir vérifié la non-amabilité de l'office du tourisme ! Visite de la ville et des remparts, joli mais on a perdu beaucoup de temps. A 14h on se met en route pour prendre le train dans la ville d'à côté. Pour y aller, passage obligé par une route fréquentée avec une côte à 10% : 4 km à 6 km/h, à froid, ouch, pas sympa du tout. Petite galère pour trouver la gare ensuite, les gens ont plutôt peur de nous. Mais on trouve finalement grâce à de bonnes âmes. Train jusqu'à Mezdra, avec arrêt prolongé au milieu pour cause d'ennui technique ! Le train est à compartiment, l'ambiance y est géniale, on se croit dans une autre époque ! Moins génial, le contrôleur qui se fout de notre gueule ... au moins, il ne demande de backshish comme le font ses homologues roumains, c'est déjà ça ! Arrivée à Mezdra au crépuscule. On ne trouve pas d'hôtel, on demande à une passante. Elle nous propose de la suivre, elle va nous amener jusqu'à l'hôtel le plus proche ! Elle est très enthousiaste et aussi très fière de nous présenter sa fille qui étudie à Toronto et donc parle un anglais parfait ! Arrivés à l'hôtel après quelques km, on la remercie, petit moment gêné des 2 côtés, comment se dire « au revoir », comment la remercier ? Finalement elle me tend la main que je serre en la remerciant une nouvelle fois. Moment très sympathique mais aussi frustrant, chacun aurait certainement voulu partager plus avec l'autre. L'hôtel est du style club de vacances, mais cela ira très bien étant donné l'heure.

J6 – 40km Mezdra – Sofia

Direction Vratsa par les petites routes de montagne en passant par un monastère. Les petites routes sont géniales et superbes, on passe par des villages très enclavés. La pause déjeuner sera la bienvenue car j'ai un début de fringale en haut de la colline, je n'ai pas beaucoup mangé le matin. La pause se fait au milieu d'un village. Les gosses jouent autour des vélos, curieux d'approcher nos montures venue d'un autre monde. On nous prend pour des Allemands, la comparaison est classique ! Après la pause on reprend les vélos (que les gamins ont réussi à faire tomber ...!), descente à Vratsa pour prendre le train pour Sofia. Train : 2h pour 100 km! Authentique et au soleil couchant, les paysages sont magnifiques. Un grand-père essaye de converser avec nous, mais en Bulgare, la communication est difficile, dommage. Je commence à mieux accepter la culture bulgare, même s'il est toujours désagréable lorsque les gens se foutent de nous (c'est fréquent...). Thomas a la patience d'essayer d'échanger avec le grand-père, ce dernier nous conseillant de dormir au Sheraton ! On verra ça ! Arrivée à Sofia à la nuit tombée, et là grosse galère pour trouver une AJ. Soit pas libre pour 2 nuits, soit dortoir de 20. On s'arrête finalement à une AJ à dortoir de 11, après 2h de recherche... Repas vite fait, on se couche à 1h bien crevés.

J7 Sofia

Journée visite de Sofia. Belle ville, un peu comme beaucoup de villes d'Europe de l'Est (l'ambiance des vieux tram y est pour beaucoup). La journée était un peu « trainassante », pas très vigoureuse, journée repos en somme. Le soir on profite de la capitale pour faire un très bon restaurant.

J8 94km Sofia – Sapareva

Sortie de Sofia super chiante. Les grandes villes ne sont définitivement pas des étapes cyclotouristiques. On tente de regonfler les pneus à une 1ère station service. Des mecs très sympas nous gonflent à ... 4 bars maxi. 2ème station service, 6 bars OK mais le pompiste profite de nos têtes de touriste pour nous demander 2 lev par vélo gonflé. On donne mais pas avec plaisir, surtout que les 6 bars du manomètre s'avèrent plus être 4 ou 5 bars ... Je ne répéterai jamais assez l'intérêt d'avoir une bonne pompe avec soi ! Direction Samokov. La route n'est pas large, de nombreux camions et les Bulgares doublent n'importe comment. A une pause, Aurélia manque même de se faire percuter par l'un d'eux qui en croisait un autre en mordant largement sur le bas-côté où on était. Pause dans un bois où j'en profite pour re-fixer mon garde-boue (grrrr...) et re-régler mon dérailleur. On finira la journée sur une bonne touche en descendant un petit col (pointe à 64 km/h pour moi) et en passant par une petite route, petits villages au soleil couchant, superbe. On décide de s'arrêter dans une petite bourgade charmante, quelques km avant la ville objectif.

J9 82km Sapareva – Rila

Départ de Sapareva après une bonne nuit. Enfin bonne, réveillés à 4h du matin par des cris étranges, presque humains, comme si égorgeait quelqu'un ! Froid dans le dos, je n'aurais pas aimé faire du camping sauvage cette nuit là !! Départ à 10h sur les petites routes. Beau et sympa mais on doit rapidement rouler sur une grosse route avec peu de bas-côté, qui plus est par une chaleur de plus en plus écrasante. On se fait quelques peurs avec des mecs qui doublent en face de nous, comme si on n'était pas là ... 15 bornes là-dessus, 15 bornes horribles. On s'arrête au bout de 50 bornes après avoir rejoint une plus petite route, peu avant Rila. Il fait vraiment trop chaud. Pause sandwich, juste après m'être fait cracher dessus par un chauffard en traversant la route (j'avais largement le temps, mais bon ...), tout ça pour dire qu'il y a des journées de merde ! Après une longue pause à l'ombre, on repart vers 16h pour 23 km d'ascension ! Cela se passe plutôt bien. Arrivés au monastère de Rila, orage, donc on attend que ça se calme, puis on recherche un logement, on s'arrête finalement dans un bungalow au camping. En attachant mon vélo, je m'aperçois que j'ai perdu une vis de mon porte-bagage avant et ma roue arrière est complètement dévissée ! Il fait nuit, je verrai ça demain.

J10 55km Rila – Blagoevgrad

Soirée vite fait au « resto » du camping. Ambiance très fraiche depuis l'orage, on est passé de + de 30°C (et certainement + de 40°C en plein soleil) à moins de 15°C pour la nuit. Au lever, on visite le monastère. Superbe aux rayons du soleil levant. Après la visite on reprend les vélos pour monter encore un peu sur un prétendu joli point de vue (on le cherche encore !). Puis on redescend vers Blagoevgrad, où la chaleur est tout autant étouffante que la veille. On s'arrête plus vite que prévu pour éviter d'attaquer demain la montée à froid, on aura 18 km de descente pour s'échauffer. Et aussi quelques ennuis gastriques pour tout le monde (+/- fort selon les personnes, je suis visiblement le moins touché). L'eau du camping ne devait pas être si bonne que cela, et cela ne m'étonne pas finalement, on n'était pas si haut et de nombreux restaurants et hôtels étaient en amont, de quoi bien polluer l'eau avant d'arriver. Enfin bref, quelque soit la raison, ce ne sera pas en forme olympique qu'on va attaquer la montagne ! Au moins il ne fera pas trop chaud, il y a de l'orage pendant la nuit.

J11 82km Blagoevgrad – Jakoruda

Pas trop chaud, en fait vraiment pas chaud ! Départ 10h, sous la pluie, il fait 18°C. On fait rapidement les 18km (vent dans le dos) avant d'attaquer les 800m de D+ . Dans les jambes, pas de problème, par contre la route est assez grosse et + on monte, + il fait froid, + il pleut. En haut, purée de pois, on n'y voit pas à 30m. J'attends les autres pendant 15min qui me paraissent interminables et pendant lesquelles je sautille, je gesticule dans tous les sens pour ne pas me refroidir. On entame alors la descente qui nous frigorifie complètement. On s'arrête à un restaurant pour déjeuner et surtout nous réchauffer. A 16h30, décision : faisons-nous les 30km qui nous séparent de la prochaine ville ? Il y a 20 km de montée mais on ne connaît pas le D+ . Dans un élan de motivation (ou de désespoir !), on y va. En fait, peu de D+, route très belle, dommage qu'il fasse moche. Sur le chemin, des minarets, on passe dans des villages musulmans. A 5km de l'arrivée, pour ponctuer cette journée de merde, crevaison ! On répare après s'être fait insulter de « rom » par une voiture qui passait. Les Bulgares ne sont définitivement pas accueillants pour la plupart.

J12 70km Jakoruda – Batak

Repas du soir vite fait, servi par le patron de l'hôtel – un bonhomme assez énergique, très marrant et expressif malgré ses 3 mots d'anglais (et nos 10 de Bulgare !). Le matin, en partant, on règle la note (100 lev pour 4, repas et petits déj !) et on donne 6 lev de tips (toute notre monnaie) qui rendent le patron encore plus heureux et expressif, se fondant en remerciements ! Dommage que tous les Bulgares ne soient pas aussi sympathiques ! Retour à la réalité, en repartant, crevaison ! Le changement de la veille sous la pluie et à la nuit tombante avait été fait un peu trop vite ! Après avoir réparé, on prend la route en passant dans une « vallée », toujours en croisant des villages très isolés, perdus entre les montagnes et les nuages. Puis ascension jusqu'à 1400m dans un décor magnifique. Sur les bords de la route, de nombreux paysans / montagnards vendent du miel, des baies, des pommes de terre et attendent devant le feu qu'ils ont allumé à côté de leur emplacement. Je m'arrête en haut du col pour attendre les autres, pas très loin d'un de ces groupes de vendeurs. Des chiens errants s'approchent en aboyant. Ils leurs lancent des pétards pour les faire fuir. Idée intéressante et très efficace ! J'attends en restant un peu à l'écart. Les autres arrivent. Il fait froid (- de 10°C) et humide, je commence à sautiller pour me réchauffer. C'est alors qu'un des gars du groupe crie, de manière autoritaire, quelque chose en Bulgare. Etrange. Puis il fait quelques gestes nous invitant à nous réchauffer près du feu, mais sans sourire, de manière presque agressive. On y va, en les remerciant. Et on échange quelques mots en Bulgare / Anglais et surtout gestes pour expliciter notre trajet. Les visages se dérident enfin. Ils semblent admiratifs. La scène est assez révélatrice de notre rapport aux Bulgares : très distants et craintifs lorsqu'on ne leur parle pas, ils s'avèrent très sympathiques dès qu'on essaye de communiquer. Le feu nous fait du bien. Puis on reprend la route après un « ciao » chaleureux qui contraste totalement avec l'invitation à nous réchauffer ! On reprend la route pour une descente frigorifiante, pointe à 58km/h par 10°C, rien de mieux pour se geler les mains ! On s'arrête à Velingrad, « grosse » ville où on va manger nos sandwiches dans un bar et boire quelque chose de chaud. On reprend la route pour terminer les 20km sous la pluie, toujours dans le froid. Heureusement que ça monte, ça nous réchauffe ! On arrive au lac de Batak dans une ambiance écossaise ... pluie, froid, nuages ... Et on se galère pour chercher un hôtel où dormir. On s'arrête finalement dans un hôtel au personnel pas très accueillant mais aidés par 2 motards slovènes (parlant Bulgare) ayant, de leur aveu, autant de mal que nous à comprendre la culture locale !

J13 71km Batak – Plovdiv

Etape de descente dans la vallée. C'aurait été génial s'il avait fait plus de 10°C ! La météo annonce 16°C max dans la vallée (300m), alors le matin à 1000 m ... On se motive malgré tout, mais c'est très frais. Arrivé complètement trempés à 13h30, on a bien roulé (merci le vent dans le dos aussi). Galère pendant 2h pour trouver un hôtel, sous la pluie. On se pose et on visite vite fait la ville, très belle. Décision entre prendre le train pour Burgas et aller jusqu'en Turquie ou continuer la route jusqu'à Edirne pour prendre le train / bus jusqu'à Istanbul. On choisit la 2ème solution, plus raisonnable et surtout plus ensoleillée d'après les prévisions météo.

J14 97km Plovdiv – Haskovo

Le soleil est revenu ! On part vers la Turquie, par les petites routes. Assez sympathique, même si on commence à se lasser des petits villages ! Par contre, les gens sont plus sympas ici quand on leur demande notre chemin, voire ils prennent l'initiative de nous l'indiquer. Après la pause déjeuner (de 14h) à l'ombre des arbres, charcuterie – fromage au menu, comme d'habitude, on reprend la route (toujours petite). Une chose drôle, les personnes en carriole sont toujours assez enclines à répondre à nos saluts, ceux que je préfère restent les vieux bergers : ils sont nombreux sur le bord des routes, et ils nous saluent avec une classe naturelle, avec une allure imperturbable, une sérénité peut-être liée à la simplicité de leur vie. La route nous mène ensuite sur de la piste défoncée, j'ai l'impression de revenir en Roumanie ! On décide de revenir sur la grosse route pour avancer, dommage, les paysages étaient chouettes. 20 km sur la grosse route, horribles : vent de face, route « granuleuse », pas de bas-côtés, plein de camions. On essaye de rouler sur les 20cm à droite de la bande blanche, mais régulièrement le souffle des camions nous envoie dans l'herbe / gravas du bas-côté. On n'a pas le choix, on continue. Arrivée à Haskovo, on trouve un hôtel « héritage communiste », authentique ! Mais nuit horrible, j'ai (et de loin !) battu mon record de moustiques tués en une nuit, une trentaine environ !

J15 122km Haskovo – Edirne

Après cette nuit horrible à tuer les moustiques, le réveil est assez dur. On part à 10h30. Petites routes et paysages sympas, une fois de plus. Bonnes routes et assez désertes, ça monte, ça descend, bref cool. A une intersection on « parle » avec un ouvrier (pour lui demander notre chemin), qui nous dit en Bulgare et avec des gestes qu'il y a 2m d'eau à Istanbul, il nous conseille de ne pas y aller ! On passera le mot à Turkish Airlines ! On déjeune et on prend la décision d'aller jusqu'à Edirne, soit encore 60 km, il ne faudra pas traîner. Route sympa mais on se prend des nuées de fourmis volantes, un peu de protéines ça fait du bien ! Puis arrivée à la frontière Bulgarie – Grèce. On dépense nos 8 lev restantes et on discute avec le vendeur qui nous indique la sortie à prendre pour Edirne. Puis passage Bulgare OK. Au passage en Grèce, personne ne nous demande rien. La barrière s'ouvre, on passe. 1 km plus loin, un gars s'arrête devant nous, nous dit des choses mais on ne comprend pas. Je ne cherche pas à comprendre plus, il ne donne pas envie de faire confiance. On continue. 2 minutes plus tard, un douanier en fait autant. On n'a visiblement pas compris le protocole grec de passage à la frontière ! Au passage il nous sort une phrase assez hilarante pour justifier son énervement : « you could be Turkish » ! En effet ! On roule 25 km en Grèce, 25 km de grosse route déserte. On ne sait pas trop où aller, la carte de Bulgarie est imprécise sur la partie grecque. On finit pas trouver la frontière Turque, merci les indications du gars à la frontière bulgare. On passe les 1000 km à la frontière, symbolique ! Arrivée à Edirne à la nuit, après 120 km, et au son envoûtant de l'appel du Muezzin.

J16 Edirne

Visite de la ville. Le matin on se renseigne sur le temps à Istanbul et les horaires de bus. On décide de partir le lendemain matin. On visite alors la grande mosquée. On attend la fin de la prière pour rentrer, dans cette atmosphère qui prête à la méditation (à défaut de prière). Mosquée superbe. On se prend un kebab à la sortie. Puis visite du reste de la ville avec passage notamment par une autre grosse mosquée en restauration. On s'arrête manger des pâtisseries locales : j'adore. On finit d'arpenter les petites rues pour se poser dans un bar à chicha, histoire de s'encrasser les poumons après tout ce sport ! La ville est sympathique et j'aime l'ambiance. J'en viens presque à regretter d'avoir passé autant de temps en Bulgarie ... ! Demain, Istanbul !

J17 Istanbul

Lever au pas de course pour prendre le car pour Istanbul. La gare routière est à 10km du centre, 10km sous la pluie. On arrive à la gare routière et on essaye de faire passer les 4 vélos dans la soute du car. Pas évident, on est mal organisés (on saura pour la prochaine fois), on n'enlève pas les roues avant, ce qui prend plus de place. Mais ça passe, et au on créé l'animation de la gare routière ! Sur le trajet en car, on observe les parties inondées un peu avant Istanbul ... impressionnant. On remarque aussi que notre car s'arrête sur l'autoroute pour prendre ou laisser des voyageurs, original ! Arrivée à Istanbul (via un minibus – taxi bien pratique). On déjeune au restaurant de l'auberge, surprise, c'est cher. 50% de plus qu'à Edirne. Istanbul est très touristique, cela me fait penser à Marrakech, aux mauvais côtés de Marrakech : touristes, touristes, touristes, des Turcs qui alpaguent tout le monde pour vendre n'importe quoi, bref, je n'aime pas l'ambiance. Je hais les lieux trop touristiques, complètement dénaturés par le mercantilisme. Tout de même, la ville est belle, Ste Sophie est superbe. Le soir on mange dans un restaurant à touristes, bon mais cher. On profite de l'effet concurrentiel, ils nous offrent le thé et la chicha, donc on squatte 2h à boire du thé et fumer ! Sympa, même si, encore une fois, il n'y a que des touristes.

J18 Istanbul

Visite de la ville. Après le palais de 3-2-1 Topkapi – désolé j'ai pas pu m'en empêcher-, on se prend un kebab et une pâtisserie hors de prix et vendu par un commerçant malhonnête. On part donc de l'autre côté d'Istanbul, Istanbul moderne, plus authentique (même si aussi cher), la proportion Turcs / touristes s'est inversée, ouf ! On marche jusqu'à Ortakoi en passant par les quartiers très chics, devant des palaces qui bordent le Bosphore. Arrivée dans un quartier touristique mais avec des touristes turcs, ça change ! Les jeunes mangent des grosses pommes de terre fourrées aux légumes, un peu un sandwich où la pomme de terre remplace le pain, marrant ! L'ambiance est assez européenne, j'ai presque du mal à imaginer une mosquée là. On repart vers « Disneyland » après avoir mangé dans un resto pas cher (mais où les portions étaient petites) et avoir bu du Raki. Au final je suis assez déçu par la ville. Trop Disneyland, chère et trop de touristes. Des jolies choses, certes, mais dans une ambiance pourrie.

J19 Istanbul – Paris

Métro jusqu'à l'aéroport, pas de problème avec les vélos (il faut juste 1 jeton pour le vélo). A l'aéroport, c'est une autre histoire. On prépare les vélos (pédales enlevées, guidons tournés, mousse partout) et on avance vers le comptoir d'enregistrement. Deux mecs de l'aéroport nous disent qu'il faut qu'on mette du plastique tout autour des vélos. On leur explique que cela va plus compliquer qu'autre chose. Ils partent. On enregistre les bagages mais l'hôte d'accueil de Turkish Airlines nous dit qu'il faut tout plastifier ... On le fait mais cela prend un temps fou. On passe les derniers contrôles de sécurité à 13h35 pour un départ initialement prévu à 13h45 ... limite limite. Mais l'avion a du retard, pour une fois que ça nous arrange ! Arrivée à Charles de Gaulle où on attend un certain temps nos sacoches. On s'aperçoit qu'on a oublié dedans ... la cartouche de gaz ! On finit par récupérer tout, cartouche de gaz comprise (comme quoi les contrôles sont utiles ... !), on remonte les vélos et c'est parti ! Retour à la vie réelle par le RER B. Le pire est de se dire qu'on va être enfermé toute la journée au bureau le lendemain, dur à encaisser après avoir passé 3 semaines à l'air libre ...