Veuve, jeune et vertueuse
Une étiquette fromagère certes, mais Saint-Nectaire est aussi un haut lieu de l'art roman et une station thermale. La cité unissant deux localités bien distinctes grimpe sur les pentes du mont Cornadore et s'étire dans la vallée verdoyante du Courançon. En toile de fond, beaucoup de verdure, des bois, les pâturages de la région des Dores : Saint-Nectaire est aussi une station verte de vacances.
Nectaire, selon Grégoire de Tours, prêcha dans la contrée à la fin du IIIè siècle et fit bâtir une église sur le mont Cornadore, près de laquelle il fut enseveli. La tombe de ce compagnon de saint Austremoine attira les pèlerins, une petite agglomération grandit, qui prit le nom de Saint-Nectaire, souvent estropié à Sénectère ou Senneterre. Les lieux ayant été donnés à La Chaise-Dieu par le comte d'Auvergne Guillaume VII, au XIIè siècle, les religieux y installèrent un prieuré : c'est probablement à eux qu'est due la construction de l'église, le plus petit et, peut-être, le plus séduisant des principaux sanctuaires de basse Auvergne.
Un château, dont rien ne subsiste, couronna la butte, domaine de la puissante famille de Saint-Nectaire. A cette dynastie, appartenait Madeleine de Saint-Nectaire, jeune veuve se signalant par son anatomie, superbe, sa vertu, totale et son courage. Ayant pris le parti des Huguenots, elle chevaucha avec une petite bande de protestants à travers le pays, pourfendit les catholiques, tua elle-même le lieutenant du roi en haute-Auvergne.
Gaulois et Romains reconnurent sans doute les qualités des eaux locales, mais s'intéressèrent moins aux sources de Saint-Nectaire qu'à celles du Mont Dore, de Royat et de Vichy : le thermalisme ne se développa qu'après 1820.
Le nom de Saint-Nectaire est depuis longtemps attaché à un fromage réputé dans la région des Dores. A cette pâte pressée et gagnant à être longuement affinée sur un lit de paille de seigle, il prit son actuelle appellation au Grand Siècle, lorsque le maréchal de Saint-Nectaire, le fit apprécier à la cour de Louis XIV.
☛ Les deux Saint-Nectaire
La cité thermale est alimentée par de très nombreuses sources, divisées en deux groupes. Faiblement ou fortement, minéralisées, froides, tièdes ou chaudes, les eaux utilisées en cure de boisson et en balnéothérapie soignent les affections rénales, les maladies urinaires, divers troubles métaboliques. Saint-Nectaire-le-bas s'est doté d'un établissement thermal moderne. La station, toute en longueur, compte sur son eau pour se chauffer : au début des années 1950, un forage fit jaillir une colonne d'eau intermittente à 55°c.
C'est à Saint-Nectaire-le-haut que s'impose l'église, longue de 37 mètres et large de 11 mètres. L'édifice est surtout remarquable par ses proportions, sa parfaite harmonie, par son équilibre qui font oublier son austérité. Admirable vue du chemin de la Pare, l'église romane si joliment située en bordure des monts Dore remonte approximativement au milieu du XIIè siècle. Mutilée durant la Révolution ( le clocher avait été détruit par un maçon limousin selon un décret ordonnant la démolition de tous les clochers du département, besogne que les habitants avaient délibérément ignorée ), une importante restauration eu lieu en 1875-1876.