Commençons d’une manière très simpliste, que ceux qui ne connaissent pas Archie Bronson Outfit prennent bien soin d’éviter la page qui leur est dédié sur Wikipédia… Groupe de Blues-rock, et puis quoi encore… Encore un qui a écrit sa définition en pensant fermement que Bob Dylan joue depuis toujours de la clarinette. Non en réalité ce trio barbu londonien, toujours activement recherché par les services psychiatriques d’interpol, roule sa bosse en marge des étiquettes. Si Derdang Dergang carillonnait vindicativement il y a quatre ans à notre porte, nos adorables chelous sont de retour, cette fois-ci armés de Coconut trempées dans l’acid.
Toujours signés sur le célèbre label qui livre également des pizzas, nos trois Archie se lâchent sur l’hallucinogène, ayant apparemment raflés ce qui se faisait de mieux en terme de petite pilules rose. Et dans leur road-movie improbable, le combo aurait également kidnappé Tim Goldsworthy, éminent collaborateur du label DFA, à qui l’on doit d’ailleurs la production léché du dernier LCD Soundsystem. Ne vous étonnez donc pas si Chunk ou Hoola vous rappellent le disco-punk bruitiste de The Rapture.
Non, mais très sérieusement, ces mecs doivent avoir un sérieux pet au casque. Pour s’en convaincre il suffit de visionner le DVD bonus (et ça c’est cadeau) compilant dix clips fait maison, et s’arrêter sur Wild Strawberries où nos Archie prennent un malin plaisir à jouer enrubannés de la tête au pied, comme de vieux chipsters qu’on retrouve au rayon grand brulé de la plupart des hôpitaux. La dernière fois que j’ai pu assister à une telle performance, c’était à un concert de Klinik. Nous ne sommes plus vraiment dans le même registre. Mais attention, on reste dans le domaine de la prouesse. Kick de batterie qui renvoie les Liars au bac à sable, rafales de guitare montant crescendo, nervous sur la sat’, chant primal ponctué de « ouh-ouuuuuuuh » en background. Wild Strawberries est une explosion de psyché-garage comme on aimerait en entendre plus souvent.
En outre cette nouvelle approche radicalement psychédélique est abordée dès l’ouverture de l’album. Magnetic Warrior et ses épanchements sur des effets fuzz, sa rythmique hypnotique, ses harmoniques orientalisantes, ne trompe pas. Quatre ans d’abus d’éther, un détour via un side-project The Pyramids tout aussi barré et c’est le lâché de camisoles.
Retour d’ailleurs sur Hoola, titre dancey à tendance new-yorkaise de l’album. Hymne punk-funk pétillant où se croisent les influences de Gang of Four et The Wire. Plus que le morceau phare de ce Coconut, la cadence frénétique des instruments, dont cette ligne de basse imparable parlent directement à nos vieilles baskets vintages qui s’animent et déglinguent le dancefloor. Où comment nos anglais évadés de vol au dessus d’un nid de coconuts écrasent James Murphy sur son propre terrain. Le pauvre s’étant du reste déjà fait mettre à l’amende par le dernier Juan MacClean. Ca risque d’être très dur pour le prochain LCD Soundsystem.
Et c’est toute la force de Coconut, passer du coq à l’âne, des escalades trans-psyché d’un Harness à la post-folk électronica de Hunt you down. Ce n’est pas pour rien que ce nouvel opus sortira donc en mars, aussi appelé communément le mois des fous. Mais pour terminer, sachez qu’il est bien dommage qu’on ne note pas chez Hartzine car je lui aurais collé un 6 sur 5 sans problèmes. Déjà mon album de l’année, vous pouvez y aller les yeux fermés. Achetez-le, volez-le, offrez-le, mais écoutez-le !
Audio
Archie Bronson Outfit - Magnetic Warrior
Video
Tracklist
Archie Bronson Outfit - Coconut (Domino, 2010)
1. Magnetic Warrior
2. Shark s Tooth
3. Hoola
4. Wild Strawberries
5. Chunk
6. You Have A Right To A Mountain Life
7. Bite It & Believe It
8. Hunt You Down
9. Harness (Bliss)
10. Run Gospel Singer