Quel monde merveilleux que celui de la non-discrimination totale ! Certes, pour le moment, nous sommes encore loin de cette absence ultime de discrimination et du paradis terminal bisounoursesque où chaque individu se sera emmitouflé dans le cocon moelleux et impeccablement incapacitant d’une société totalement lisse et abandonnée aux bras chaleureux de l’Etat-Maman. Mais heureusement, les gouvernants de toute la planète travaillent activement à nous y emmener…
Récemment, deux petits pas discrets ont été faits dans la « bonne » direction. Dans les deux cas, l’action n’est pas réellement concrétisée, mais elle a permis, comme on dit, de tâter le terrain.
Or, c’est important, de tâter : ça permet d’éviter les surprises, les déconvenues, et, comme de juste, de ne prendre aucun risque.
Car, je vous le rappelle, si la société doit se diriger vers le monde ouaté d’un paradis de peluches molles et de bons sentiments livrés par cargos entiers, nos délicieux progressistes veulent le faire sans froisser personne, mais de façon absolue, déterminée, répétitive et sans laisser la moindre place à la contestation. Comme le dit fort justement un des aficionados gluants de cette société du bisou pervertisseur, leur gentillesse sera impitoyable.
Pour cette fois, le résultat de la palpation préventive aura abouti à la conclusion que la gentillesse non-discriminante devrait attendre un peu. Mais gageons que cela n’est que partie remise.
Ainsi, chaque jour qui passe est une nouvelle tentative pour diminuer, par tous les côtés possibles, le droit d’avoir des opinions différentes, d’avoir des textes pro ou anti, bref, d’émettre une vision de la société qui n’est pas en accord avec La Ligne Officiel du Bisounoursworld.
Un des pays du Bisounoursworld, la République Démocratique du Bisounoursland, s’attaque ainsi tous les jours, quelque peu pour que ça ne se voit pas trop, à la liberté d’expression comme l’illustrent les rebondissements de l’Affaire Zemmour, et ceux de l’Affaire Guillon.
Je suis obligé de parler d’Affaires pour ces amusantes Pignouferies de Presse, puisque cela défraye maintenant la chronique avec tout ce qu’on peut imaginer d’insupportables raccourcis journalistiques et de mauvaise-foi dégoulinante nécessaire aux éditos percutants d’une presse de moins en moins lue (et de plus en plus subventionnée, hein).
D’un côté, nous avons donc Zemmour, qui, avec la finesse de trépan pétrolier qui le caractérise, a balancé un petit « Les Français issus de l’immigration sont plus contrôlés que les autres parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes. C’est un fait. » Saillie qui a déclenché une crise d’urticaire carabinée au niveau de l’épithélium anal de toute la clique habituelle d’associations de Défense des Bisous Citoyens, LICRA en tête.
Effarouchement des directions qui l’emploient, grincements de dents, panique à bord : Zemmour aurait osé dire tout haut ce que tout le monde peut constater de visu, mais in peto, tout bas, discrètement, et sans en parler. Des sanctions doivent être prises ! Eh oui : quand le petit dernier s’écrie subitement « Mamie a roté ! », tout le monde tance vertement le petit salopiaud en oubliant les manières discutables de l’indigne grand-mère.
Côté Guillon, on est dans un cas de figure assez similaire : le chroniqueur sans talent, bien que de gauche et toujours dans la catégorie usée de la moquerie sans panache, a cru bon de se payer Besson. Il est vrai que la cible est facile, mais l’humoriste n’a pas choisi de s’en tenir au bilan pourtant risible du politicien et a fait dans l’attaque personnelle. Bah, c’est tout de même un habitué du genre, mais il a froissé. Et le voilà parti, lui aussi, pour un de ces tours de manège pénibles que nous réserve la bien-pensance de combat du Bisounoursland.
Évidemment, même s’il existe d’intéressantes pépites égratignant l’impétrant et même s’il semble que les auditeurs ne partagent pas l’ »humour » de Guillon, on trouve sans mal des éditos qui vont aller défendre le gentil chroniqueur.
Mais la tendance est là : on tâte ce qu’on peut censurer, on teste ceux qu’on peut virer.
Et quand ce ne sont pas les paroles de chroniqueurs malheureux, ce sont … les paroles d’hymnes nationaux, pourtant plus facilement détachées de cet air du temps qui sent de moins en moins la noisette.
C’est ainsi qu’au Canada, on apprend que le gouvernement fédéral voudrait bien remanier un chouilla « Ô Canada« , au prétexte que ce dernier serait un tantinet sexiste ou, à tout le moins, exclusivement destiné aux hommes.A l’instar d’une HALDE en pleine forme, il s’agit donc ici de remettre un peu de femmes, et, qui sait, de trans, de bi et de gays dans l’hymne national, histoire de n’oublier aucune minorité visible.
Là encore, le projet aura été rapidement abandonné, suite, probablement, à un fugace accès de lucidité de nos progressistes de combat devant le ridicule achevé de la situation. Mais cette amorce de discussion a le mérite, pour eux, de lancer le débat sur la place publique, de laisser flotter ainsi la question du dégenrage de l’écrit officiel.
Et s’il y a bien un pays qui, soyons-en sûr, reprendra le flambeau avec vigueur, c’est bien la République Démocratique du Bisounoursland : l’hymne national est en effet truffé de ce sexisme lamentable, et les allégories machistes ou clairement discriminantes pullulent dans l’imaginaire collectif français.
Entre une Marseillaise qui parle de soldats, de filles et de compagnes, et toute la panoplie de symboles républicains qui incluent notamment une Marianne aux mamelles découvertes et manifestement destinée à satisfaire la libido insurmontable de mâles dominateurs et violents, la Fraônce se doit, à un moment où l’autre, de remettre à plat ses messages citoyens, pour les rendre à la fois moins machistes et, surtout, plus festifs.
A ce sujet, je vous propose donc une version remaniée de la Liberté guidant le Peuple, tenant compte de l’actualité du moment.
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Le lecteur attentif pourra y découvrir les nouveaux porte-flambeaux de cette Idée Humaniste et Généreuse de la Fraônce guidant le Maônde – jeu : vous devrez repérer le couple d’humoristes Marine Le Pen & Cortex, deux Bisounours en plus de Louis Schweitzer et Rachid Arhab, quelques phares de pensée comme Eric Zemmour ou Doc Gyneco et le vigoureux Peuple de France avec quelques jeunes déçus.
…
Ne nous y trompons pas : la route de la servitude, finalement, n’aura pas l’allure de cette marche au pas cadencé qui fut la caractéristique de celle qui mena aux horreurs du XXème siècle. Non. Cette fois-ci, elle aura l’air d’un défilé coloré et festif de gens joyeux d’écraser la contestation sous les platform-shoes de la diversité à paillettes.
Le résultat, soyez-en sûr, sera cependant exactement le même.