J'ai une fâcheuse tendance à choisir les métiers les plus aléatoires. Le journalisme, la réalisation, l'écriture, la musique. Très judicieux. Un bel avenir d'artiste en perspective. J'ai bien failli être prof, éduquer des bambins attendrissants, plein d'entrain et d'innocence, mais non. J'ai préféré la compagnie de cowboys-producteurs, de rédacteurs en chef illettrés, de spécialistes du harcèlement moral, de Narcisses accomplis, de chefaillons hystériques, de toxicomanes de l'audience, de comptables avisés, de décideurs frileux et de chapardeurs de bonnes idées. J'ai pensé que c'était excellent pour le moral. Heureusement pour moi, la Culpabilité m'a beaucoup aidée à ne pas sombrer dans l'acrimonie la plus noire. Je me suis contentée de la Frustration. C'est tellement plus sain. J'ai bien songé à romancer mes invraisemblables mésaventures, mais cela aurait certainement mis en danger ma carrière des plus... féériques. Blanche Neige n'est pas si téméraire. Un blog discret serait l'alternative idéale à ma thérapie revancharde. Aussi cruelles que puissent être mes anecdotes - issues des coulisses de la machine infernale médiatico-artistique - elles n'en sont pas moins cocasses. Pour clôturer ce tout premier message, je citerais l'un de mes anciens rédacteurs en chef, qui a fait ses preuves dans les arcanes de TF1 et qui, avant de m'envoyer tourner un sujet sur la trahison entre amies, m'a aimablement avisée: " Soit tu me ramènes une vraie baston, soit tu fais chialer ta témoin, sinon t'es virée. Allez go, go, go! Et tu me déçois pas ok?" Admirable. De quoi galvaniser une vocation.
PS: Oh, j'allais oublier de synthétiser la description physique du personnage: mâchoire carrée ruminant un immuable chewing gum la bouche ouverte, cowboy déambulant dans les couloirs, les pouces enfoncés dans les poches d'un jean délavé, jambes fléchies et écartées, bassin en avant, comme si "elles" étaient beaucoup trop grosses pour qu'il puisse avoir une démarche normale. Ca vous dit quelque chose?