Le capteur de rêves, d'Hervé Vignes

Hervé Vignes est enseignant en Guyane après l’avoir été plusieurs années en Martinique. Il a publié en 2006 ces nouvelles où se lit le regard amical et intrigué d’un métropolitain sur la vie aux Antilles.

A l’exception de celle qui ouvre le recueil et lui donne son titre, toutes les nouvelles sont à la première personne, ce qui les installe dans une réalité dont le lecteur ne peut pas douter. La vie scolaire est souvent le contexte des récits, comme si l’auteur avait été témoin de tout ce qui est ici raconté. Les éléments du décor sont toujours précisément désignés, on pourrait aisément prendre telle rue, s’asseoir dans une salle de classe à Fort-de-France, chercher un studio à Saint-Pierre, grimper le long d’un chemin au morne Larcher, refaire le trajet jusqu'au fromager ou au flamboyant. Mais nous ne visitons pas en touristes, nous nous installons dans un quotidien où l’étrange le dispute à l’ordinaire. La surprise est toujours au rendez-vous : qui parle dans la deuxième nouvelle (Flagrant dépit) et le lecteur ne sera-t-il pas lui-même dépité en le découvrant, et réjoui sans doute de s’être laissé prendre ? C’est un livre où le merveilleux et l’humour se mêlent parfois, comme dans la nouvelle intitulée Mutation, dont la chute m’a bien amusé.

Hervé Vignes, avec discrétion, partage son goût pour les histoires, dans une langue simple comme celle des contes, accessible et attentive.