"On" vient de retrouver un des miens neveux dont nous étions sans nouvelles depuis quelques années.
Il était à l'autre bout du monde. En rupture de ban. Il est aujourd'hui, dixit l'ambassade, dans un état "apocalyptique". Addictions en tous genre, maigreur, pas le sous. Il est passé tout près, je me dis. Un tout près dont je me demande, ce matin, ce qu'il signifie au juste.
Sera-ce sa chance ? Je le souhaite.
Si le pavé tombe aujourd'hui dans la mare, il n'y a pas non plus grande surprise. Nous redoutions une telle annonce. Nous nous doutions d'un tel chemin.
Je me pour le moment qu'on l'a retrouvé, qu'il va revenir, et que c'est déjà extraordinaire.
J'avais bien sûr espoir que ce ne serait pas le cas, que cette zone en forme de fuite peut-être n'était pas, je me disais que ce jeune, compte tenu de son histoire, avait besoin de se trouver et j'espérais qu'il le ferait en ne se perdant pas. Pouvait-il faire autrement ? Il va être rappatrié dans les tous prochains jours. Dimanche sera un jour particulier. Il sera conduit dans un hôpital. Ensuite... Ce sera ensuite...
Comme tout cela prend une importance, d'un coup d'un seul.
Le vital. L'essentiel.
Ce qui fut pendant quelques années un souci que l'on partageait plus ou moins (plutôt moins) est peu à peu devenu un silence. Il s'est rompu hier soir.
Sentir la souffrance. Celle du neveu, par-delà les mers et dans l'autodestruction. Celle de son père, éprouvé par toutes ces années passées, de nouveau face à une situation qui ne lui donne aucun choix et lui laisse peu d'espérance.Sentir le souffle de vie, le capter, le recevoir.Elles sont complexes, ces situations. Douloureuses. Combien sommes-nous, dans des contextes différents, à des degrés divers, à vivre, à traverser de telles situations ? Quoi qu'entourés, ou pas, combien sommes-nous à brutalement éprouver une solitude immense ?Car pètent les conventions et dégage le superflu. Soudain, un souffle puissant gonfle les voiles. Il est trouille bleue. Il est espoir orange. L'un, puis l'autre, tout, son contraire. La vie comme une roulette russe et les jours comme un sablier. Tant de questions et tant de réponses suspendues. A l'heure du pardon, nécessaire, devra s'ajouter la patience, indispensable.Et cette impression que l'instinct de vie, de survie, ce qu'on appelle ensuite le destin, c'est quand même quelque chose d'extra ordinaire.