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Il y aurait tant de citronniers à planter, au ras des murs que les Hommes bâtissent.
Tant de citronnade fraîche à partager pour l’ultime respiration de l’humanité…
Quoi, ce qui demeure ne serait que cette crispation, ces dents serrées, ces épaules repliées sur une respiration haletante ?
*
La rose de Noël est venue, tardive, éclairer les gris, les noirs et les marrons du jardin à l’abandon hivernal…
Déjà, un parfum de printemps se dégage qui combat plus surement nos cloisons étanches…
Délivrance qui se présente au devant de nos soupirs, au détour de nos nuits insomniaques…
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Posons donc un instant les armes du déshonneur.
Ouvrons portes et fenêtres aux dignes chants.
Dansons autour du feu où brûlent nos soumissions silencieuses.
La flamme monte d’une colère libératrice, une colère sagement mûrie à l’abri des barbelés et des miradors…
Jamais nous ne fûmes soumis à si intense vibration d’espoir.
Derrière les tempêtes qui balayent les cicatrices du passé, se dresse l’horizon bleuté d’un jour gracieusement arrosé.
Les symphonies se déploient en gorges d’oiseaux, au bord des gouttières.
La musique du vivant se fait plus forte que toutes les certitudes.
Nous marcherons, enfants, dans l’aurore délicate. Nos pieds fouleront l’herbe renaissante.
Nous serons, mains serrées, au début d’un nouveau voyage.
Ce qui se dresse sous les yeux vibre encore des sourdes plaintes.
Nous n’aurons jamais assez de mots pour tenter de cautériser cette morsure infligée par les Hommes à eux-mêmes…
Vaincus et vainqueurs seront six pieds sous terre, dans le même souffle vain…
Manosque, 22 février 2010
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