« On est dans une bonne dynamique », se réjouit Nadine Prigent, secrétaire confédérale de la CGT. Hier, 60 000 manifestants ont battu le macadam parisien entre République et Nation, via la Bastille. Deux jours après la défaite électorale de la droite aux régionales, « on n’attend pas un changement de ministre mais un changement de politique », commente Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU. Salariés du secteur public et privé se mélangent, avec un très gros cortège de la CGT. Beaucoup d’enseignants aussi, qui ont les suppressions de postes dans le collimateur. Dans ce cortège coloré et combatif, les professionnels de la santé, et notamment les hospitaliers de l’AP-HP, sont en nombre mais on croise aussi les greffiers de justice ou les sans-papiers. Les revendications se bousculent, les mots d’ordre se font parfois acerbes. « Orange m’a tuer » clament les mannequins portés par les salariés des centres d’appels de Teleperformance qui lutte pour l’emploi.
Salaires et emploi, les deux revendications marchent la main dans la main. « Ça ne s’oppose plus dans la tête des travailleurs », se réjouit Bernard Devert, un des responsables de la métallurgie CGT. François, de PSA Aulnay, confirme : « On est revenu à 800 intérimaires à PSA Aulnay. S’ils ne sont pas là, les chaînes s’arrêtent. Alors pourquoi ne pas les embaucher ? » Et salaires et emploi vont de pair avec la retraite. « Il y a un ras-le-bol général, explique Annick Coupé, porte-parole de l’union syndicale Solidaires. Derrière l’emploi, les salaires et la retraite est posée la question de la répartition des richesses. »
C’est peut-être là ou on pense le moins retrouver la question des retraites qu’elle vient avec le plus de force. « Si on laisse faire, dit Alyette, badgée CFDT, s’en est fini du système solidaire de la répartition. » « Si le gouvernement s’attaque à ça, il y aura une très forte mobilisation, car c’est un problème identitaire pour les syndicats », renchérit Pierre, retraité CFDT. Patrick, de la CGC, regrette l’absence de son syndicat. Du coup, il défile avec l’Unsa. « Tôt ou tard, on se retrouvera ensemble », prédit-il. En tout cas, il est persuadé que, pour la bataille sur la retraite, « tous les syndicats seront ensemble et la CGC en sera ».