Les députés UMP s’agitent, le Monarque parle fermeté contre le terrorisme, et la France manifeste. Près de 800 000 personnes sont sorties dans les rues, partout dans le pays, pour protester contre les « réformes sociales » du gouvernement. Au passage, la fiscalité verte est enterrée. L'hypocrisie tombe.
Le show inutile des députés UMP
La réunion fut houleuse. « Je pense que les coups de pied au derrière font avancer » a déclaré Jean-François Copé en introduction. « La marmite est en train de bouillir » a commenté le député UMP Bernard Debré. Trois cent députés UMP (et Nouveau Centre) gonflés à bloc contre un Monarque qui leur a planté les élections régionales ont tenu leur séance de « débriefing » post-scrutin et pos-remaniement mardi matin. L’un d’entre eux a envoyé un texto à la presse : « Ça cogne pas mal. Je n'ai jamais vu autant de monde ».
Il faut scénariser la grogne, en faire un spectacle pour l’électeur sarkozyste déçu ait le sentiment que ça bouge à droite. C’est bien là le paradoxe. La gauche gagne, la droite perd pour cause d’abstention, mais rien ne change sur le fonds. La réponse politique de Sarkozy fut de la technique politique «interne » : on ressoude, et on laisse les UMPistes se défouler le temps d’une réunion à huis clos à l’Assemblée Nationale. Trois députés UMP relayent sur Twitter la séquence parlementaire: Lionel Luca a fustigé le discours au soir du 1er tour, silencieux sur l’inquiétude sociale. Copé demande à la « majorité » de se recentrer sur 3 piliers : réformes vitales, ruralité, et valeurs républicaines. « le président doit nous respecter » déclare un autre. On attaque les mesures incomprises comme Hadopi , le bouclier fiscal ou les franchises médicales, le rajeunissement soudain des listes UMP aux régionales, le découpage territorial, et, évidemment, « l’ouverture » (les noms de Didier Migaud ou Jean-Marie Bockel furent brocardés).
La fin de l'hypocrisie écologiste de Sarko
François Fillon, présent, a été fortement applaudi. Il a leur a annoncé que la taxe carbone française était abandonnée. Les ambitions écologistes du Monarque, fussent-elles antisociales, n’ont pas survécu à la débâcle de dimanche soir. Jean-Louis Borloo, ministre du développement durable, qui avait pourtant répété son entrée en vigueur en juillet prochain en sera pour ses frais. Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat à l’Ecologie, s’est dite « désespérée » par cet abandon : « Je ne suis pas en phase avec cette décision ». Quelques heures plus tard, François Fillon a précisé en séance publique à l’Assemblée Nationale, que la France s’abriterait derrière une éventuelle régulation européenne, afin de ne « pas nuire à la compétitivité économique de la France », a-t-il justifié. Pas de taxe carbone franco-française!
Les nouveaux ministres en poste, et en panne.
Le remaniement « technique » lundi matin n’a pas produit d’effet, au-delà d’une certaine frange de l’UMP. « L’UMP parle à l’UMP » a commenté le socialiste Claude Bartolone, résumant le sentiment général. Nicolas Sarkozy consolide son équipe à droite pour faire taire les voix discordantes avant les prochaines échéances électorales. Et nul besoin d'attendre pour savoir si François Baroin, nouveau ministre du Budget, sera toujours aussi critique contre le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partants à la retraite. La magie de la solidarité gouvernementale a déjà opérée. Le théâtre de Guignol se poursuit. Lors de sa « passation de pouvoir » mardi, le nouveau et jeune ministre a confirmé : « Il est incontestable que tout ce qui a été engagé sera poursuivi ». Les commentaires dans la presse sont très critiques contre ces « ajustements ». Même au Figaro, on s’étonne du « sacrifice » du soldat Darcos : « L'issue est d'autant plus cruelle pour Xavier Darcos qu'il savait d'avance que la droite n'avait aucune chance de remporter l'Aquitaine. Il n'a été au combat qu'à la demande expresse de Nicolas Sarkozy et avec l'assurance, encore rappelée avant le premier tour par le chef de l'État, que les ministres engagés dans une campagne difficile n'avaient pas d'inquiétude à avoir sur leur avenir ministériel. » Les députés UMP étaient ravis de la fin de la « surenchère écologiste » (dixit François Goulard, villepiniste)
Eric Woerth, devenu ministre du travail (le 3ème à se poste en moins d'un an), va pouvoir user de sa « bonhommie », un trait de caractère loué par Yves Thréard (du Figaro) pour convaincre les syndicats de la prochaine réforme de retraites. Mardi, il a parlé de « réforme protectrice pour les Français » : « Aucune réforme ne sera acceptable pour les Français si ce n'est pas une réforme marquée du sceau de l'équité » Ces derniers n’ont pas laissé de répit au Monarque. Mardi 23 mars, un mouvement de grève, assortie de 150 manifestations dans toutes la France, à l’appel de 5 centrales syndicales, frappait les transports publics, la Poste, les impôts, Air France, les hôpitaux, et l’éducation nationale. De 400 000 (selon la police) à 800 000 (selon la CGT) se sont ainsi rassemblés, avec un taux de grévistes de 20 à 40% dans la Fonction Publique.
A l'Elysée, Claude Guéant a modifié l’agenda présidentiel : la réunion de communication, celle ont sont préparés, sauf actualité chaude, les « éléments de langage » que doivent servir les porte-parole de la « majorité » présidentielle se tiendra désormais chaque mardi matin. Xavier Bertrand y est présent, évidemment. Il s'agit d'être plus réactif à l'actualité... à droite.
Sarkozy «prend de la hauteur»
Nicolas Sarkozy, lui, s’est affiché à l’enterrement d’un policier, tué par un terroriste de l’ETA voici deux semaines. Pour l’homélie funèbre, il usa de ses expressions fétiches, la détermination verbale: «Que les choses soient claires, monsieur le chef du gouvernement espagnol : la France ne se laissera jamais intimider par le terrorisme». Ou encore : «Nous allons éradiquer une à une toutes les bases de l'ETA en France. Nous allons les débusquer un à un et nous démantèlerons tous les soutiens de cette organisation terroriste. (…) Nous ne laisserons pas le territoire français devenir la base arrière de terroristes et d'assassins (...) La France est plus que jamais aux côtés de la démocratie espagnole. (…) Je n'accepterai jamais qu'on banalise ces violences et qu'on s'y résigne».
Parallèlement, le Monarque a nommé une femme à la tête de la HALDE. Le socialiste Malek Boutih n’a pas été retenu. Avec Mme Bougrab, Sarkozy fait d’une pierre trois coups. Il ne joue pas l’ouverture, Jeannette Bougrab était candidate UMP aux municipales à Paris. Il clot aussi la polémique ouverte par Gérard Longuet, le sénateur UMP qui avait suggéré qu’on nomme une personnalité du « corps traditionnel français ». Et, enfin, il nomme une femme, alors que de précédentes nominations, au Conseil Constitutionnel étaient exclusivement masculines.
En quelques jours, Nicolas Sarkozy a recadré sa fonction : la présidence de la République n'est que la présidence d'un clan.
A droite, toutes !
Faire la taxe carbone, "c'est une question d'honnêteté"
envoyé par liberation. - L'actualité du moment en vidéo.